C’est un pari ambitieux, audacieux, qu’ambitionne de gagner cette Coalition naissante. La Cour pénale internationale qui a suscité l’adhésion massive notamment des Etats africains à sa création en 1998 essuie de plus en plus de critiques. Taxée de partiale, accusée de ne poursuivre que les Africains, la CPI risque de perdre nombre de ses membres. Certains comme le Burundi ont célébré leur départ, d’autres menacent de prendre la porte. Des « velléités de retrait pour des raisons inavouées » interprète El Hadj Malal Diallo, président par intérim de l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme. Dans son discours d’ouverture de l’assemblée constitutive de la Coalition guinéenne pour la Cour pénale internationale, il a rappelé que la CPI « complète les juridictions nationales et constitue un ultime recours pour les citoyens des Etats membres. La CPI pourrait contribuer à mettre fin à l’impunité si elle fonctionne conformément à son statut ».
L’adhésion à la Coalition est ouverte à toute personne physique ou morale. Lecture et adoption des textes, élection par consensus de 11 membres du bureau dirigé par Me Hamidou Barry, avocat et membre de l’OGDH. « Ces dernières années, certains chefs d’Etat, champions en ratification de conventions, cherchent à discréditer la CPI où se retirer, prétextant que les poursuites ne sont dirigées que contre les Africains, oubliant que la majorité des affaires pendantes à la CPI sont portées par les Etats africains eux-mêmes », a remarqué le nouveau président de la Coalition. Et de constater : « Les dirigeants qui adoptent un tel comportement sont le plus souvent ceux qui ont commis des crimes graves, qui cherchent à se maintenir vaille que vaille au pouvoir, ou qui ont soumis leur peuple à une oppression qui ne dit pas son nom ».
L’assemblée constitutive de la Coalition guinéenne pour la Cour pénale internationale a été supervisée par Aly Ouattara, point focal régional Afrique francophone de la Coalition pour la CPI. Venu d’Abidjan, il a invité la nouvelle structure à instamment officialiser son adhésion au réseau qui compte déjà plus de 205 membres disséminés dans 150 pays.
L’alternative société civile
« Au moment que les Etats ont tendance à se désengager de la Cour pénale internationale, il faut que les sociétés civiles se renforcent », a suggéré Ives Boukpessi, représentant adjoint du Haut commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, après avoir eu une pensée à l’endroit des victimes de l’esclavage en Libye. Pour lui, la naissance d’une Coalition guinéenne pour la Cour pénale internationale est un « acte de courage vu que même l’Union africaine a pris des décisions contre la CPI. L’enjeu est extrêmement énorme ». La juridiction internationale n’intervient dans un Etat que quand l’impunité tend à triompher, renchérit Ives Boukpessi. Et de prévenir : « Si on n’est pas prêt à changer chez nous, on aura du mal à changer le monde ».
Diawo Labboyah Barry