Les habitants de Wonkifon ont eu la peur de leur vie ce jeudi. Des bruits assimilables à des coups de feu ont semé la panique chez les riverains, qui ont détalé comme des lapins vers la sous-préfecture. D’autres ont continué à Coyah pour s’éloigner le plus possible de ce qu’ils ont pris pour une attaque rebelle. Il n’en était rien. C’était huit chalutiers, avec à leur bord des pêcheurs récalcitrants qui partaient à Chinoiyah, dans Kassonya pour débarquer du poisson sur le point de pourrir. Selon le ministre de la Pêche, Frédéric Loua, ces chalutiers de pêche traditionnelle avancés étaient interdit d’activité par le département. « Ces navires-là étaient basés à Dubréka. Ils sont connus et sont enregistrés chez nous. Il a été question de les sortir carrément de la pêche artisanale qui est réservée uniquement aux nationaux. Ils se trouvent que cette société était en mer en train de pêcher. J’ai demandé de mobiliser tous les bateaux en mer pour qu’ils débarquent à Guéméyiré. Les gens sont venus débarquer, mais cela n’a pas été possible pour tout le monde. Les responsables de cette société sont venus me voir, que le poisson est en train de pourrir. Ils étaient en mer pendant que la décision a été prise. On lui a demandé d’aller accoster au Petit bateau. Mais plus de pêche pour vous. Ils ne sont jamais allés au Petit bateau. Ils sont venus par là. C’est une désobéissance. Je vais vérifier qui leur a donné ce site. C’est un chinois qui est actionnaire à 60%. Ce qui m’a amené à annuler tout ».
La préfecture maritime était déjà au courant, selon le Colonel N’Famara Djoumandé, préfet maritime : « Hier à 20 heures, on a reçu l’information par les pêcheurs. En collaboration avec le chef d’État-major adjoint de la marine, on a envoyé un patrouilleur. On a cru à des bateaux sierra-léonais qui ont fait une incursion dans nos eaux. Les pêcheurs nous ont dit qu’ils sont entrés dans le bras de mer. On a reçu des appels toute la nuit. Vers 5 heures, on a synthétisé les informations. Tout le monde parlait de rebelle, c’est à ce moment qu’on nous a dit que des bateaux sont à Kassonyah. On est venu. Il y a 8 chalutiers. La gendarmerie et la gendarmerie maritime ont inspecté les navires ».
Les navires arraisonnés, la cargaison n’a pas été débarquée. La commission nationale de l’arraisonnement décidera du sort des chalutiers déjà conduits à Conakry.
Cette incursion dans les eaux maritimes guinéennes au nez et à la barbe des gardes-côtes (s’il y en a) en dit long sur la protection de nos rives. La panique des villageois a atteint le sommet au point, via les réseaux sociaux, de s’étendre à la capitale. Les autorités ont érigé des barrages pour filtrer les entrées dans la presqu’ile de Kaloum. À Sanoyah, les gens-drames en faisaient autant, créant un gigantesque embouteillage. Cette attitude a de quoi inquiéter. Des vrais rebelles auraient eu suffisamment de temps pour débarquer. Les réactions des autorités seraient survenues trop tard.