Le 4 mai, la mission du FMI, Fonds Monétaire International en Guinée a achevé sa mission d’évaluation du programme de Facilité élargie de crédits. L’évaluation porte sur les réalisations comparées du programme relatif aux critères indicatifs, aux objectifs indicatifs au 31 décembre 2018, puis sur la revue des résultats à fin mars 2019.
M. Mamadi Camara, le ministre de l’Economie et des finances explique que sur le premier objectif, les discussions ont abouti à la conclusion que les critères de performance tels que définis par le programme ont été largement atteints au 31 décembre 2018, ainsi que l’objectif indicatif concernant les dépenses de filets sociaux. « Seuls les objectifs relatifs à la collecte des recettes fiscales et à la variation des arriérés domestiques sur base nette n’ont pu être réalisés à cause, notamment des mouvements sociaux, qui ont eu un impact négatif sur la mobilisation des recettes intérieures ». Cependant, les performances budgétaires et monétaires ont été bonnes, dit le ministre. « Ce qui a permis de maintenir l’inflation en glissement annuel dans les limites du programme, soit 9,8 %. Les autres variables macroéconomiques se sont également bien comportées. Notamment le solde extérieur, et le taux de croissance qui se chiffre à 6,3% ».
La discussion sur les résultats budgétaires et monétaires à fin mars 2019, comparés aux objectifs indicatifs qui leur sont associés ont montré dans l’ensemble que les perspectives à fin juin et fin décembre de cette année se présentent sous de bons auspices, annonce M. Camara.
Mme Georgia Albertin qui a conduit la mission reste optimiste : « On voit une économie guinéenne avec une croissance importante. Sur la base des données préliminaires, on s’attend à une croissance autour de 6% en 2018 qui va garder le même niveau en 2019. Les secteurs miniers et agricoles sont en train de booster cette croissance positive. On a vu aussi une augmentation importante des réserves internationales de la Banque centrale pour faire face au choc que l’économie guinéenne pourrait avoir. Les objectifs budgétaires pour l’année 2018 ont été réalisés. Au niveau des recettes fiscales, les revenus ont été plus bas que prévus. Les objectifs ont été atteints grâce à la volonté de maitriser les dépenses et de garder une politique budgétaire en ligne avec la stabilité monétaire. On a vu également au cours de l’année 2018 une augmentation de l’inflation au tour de 9,9% vers la fin de l’année. On a commencé à observer une décélération vers le début de l’année 2019. L’inflation est maintenant à 9,7% ».
Pour la cheffe de la mission du FMI, le défi de la Guinée est de rendre cette croissance forte, inclusive. La mobilisation des recettes fiscales pour assumer les dépenses prioritaires reste aussi un enjeu clef pour le pays, dit-elle. La mission a demandé à la Guinée de poursuivre les reformes concernant les subventions énergétiques afin de libérer de l’espace pour soutenir les dépenses sociales et de poursuivre une politique monétaire prudente pour gérer les pressions inflationnistes.
Seul bémol, la Guinée a dépassé le plafond de l’endettement concessionnel fixé à 650 millions de dollars à la demande de la Guinée. « Le plafond de 650 millions qui a été fixé a été légèrement dépassé. Nous avons bénéficié d’un appui de la part du Qatar. Comme le degré de concessionnalité était assez élevé et ne cadrait pas avec les standards du FMI, on a été obligés de demander au Fonds monétaire international de faire une dérogation ».
Ce programme a été signé en 2017 pour 170 millions de dollars américains sur 3 ans. La Guinée a décaissé 70 millions.
Oumar Tély Diallo