Le Conseil Supérieur de la Diaspora Forestière (CSDF) est membre de la Société Civile de Guinée ; à ce titre, il ne saurait rester indifférent aux faits majeurs qui marquent notre actualité politique nationale. C’est pourquoi il voudrait émettre son avis sur la déclaration faite par le Conseil Chrétien de Guinée, le 16 janvier 2020 ; pour rappel, cette communication a porté sur la problématique politique que notre pays traverse depuis quelques mois. Dans cette déclaration, il est demandé aux Guinéens de jeûner pendant trois jours afin que la force divine apporte la solution à cette crise. Nous sommes d’accord pour recourir au spirituel dans nos tentatives de règlement de problèmes temporels. Toutefois, dans le cas présent, la racine de la discorde est connue, c’est l’effort de manipulation de la constitution par le régime, sous la forme d’un referendum, en vue de la pérennisation de M. Alpha Condé à la présidence de la République de Guinée. Le problème relève donc plus du temporel que du spirituel. Partant, nous estimons qu’il serait approprié que les autorités chrétiennes émettent un jugement clair, dans le genre de style que Monseigneur Robert Sara a fait usage dans son homélie d’adieu au peuple de Guinée en 2001 : « J’ai parlé uniquement en regardant Dieu et en écoutant sa voix et les exigences de la vérité. » (Discours de Monseigneur Robert Sarah au banquet offert par le Gouvernement Guinéen, le 16 novembre 2001).
En fait, il est établi que l’adoption d’une nouvelle constitution, dans le contexte actuel, serait une violation de la démocratie, qui est entrée en vigueur dans notre pays depuis 1991. En effet, la démocratie est un système de gouvernance fondé sur les principes cardinaux suivants :
– le respect de la Constitution,
– la pratique du multipartisme,
– la tenue d’élections libres et transparentes à des intervalles réguliers,
– la pratique de la liberté d’opinion et de presse,
– la séparation des pouvoirs (Exécutif, législatif et judiciaire).
C’est pourquoi, la falsification de l’un de ces piliers pervertit la démocratie et en fait de facto une dictature. C’est cette mise au point que le respectable Conseil Chrétien de Guinée devrait faire à l’intention de M. Alpha Condé, du peuple de Guinée et de l’opinion internationale. C’est également dans cette ligne de mire de l’évidence qu’il devrait se positionner, pour dire, sans ambigüité, la vérité à M. Alpha Condé afin de mettre un terme aux conflits meurtriers qui divisent notre pays car, « La vérité finira par prévaloir là où il y a des peines pour la mettre en lumière » (George Washington, 1er Président américain).
Tout leadership, pour être conséquent avec la dynamique du développement historique contemporain, devrait cultiver l’esprit de la constitutionalité pour asseoir l’Etat de droit dans notre pays. C’est pourquoi, M. Alpha Condé doit, par des actes sensés, démontrer aux peuples de Guinée et d’Afrique sa capacité de gestion réfléchie de notre pays. Si justice n’est pas faite à la démocratie, dans le contexte actuel, ce serait mettre en cause le droit constitutionnel dans notre pays et y entretenir le débridement politique ; ce serait aussi cautionner l’institutionnalisation de l’anarchie dans notre pays et y cultiver des foyers pérennes de tensions sociales. C’est le prêche de l’esprit de cette philosophie que nous voudrions respectueusement demander aux ecclésiastiques. Aussi, au-delà de dire la vérité à M. Alpha Condé, nous leur demandons respectueusement de faire des prières de délivrance spirituelle afin que Dieu insuffle la raison dans le mental des protagonistes pour sauver notre pays.
Dr. Antoine Akoi Sovogui,
Président/CSDF