Le Front national pour la défense de la Constitution avait appelé les Guinéens à une résistance active et permanente les 21 et 22 janvier dernier pour montrer leur opposition au projet de modification de la Constitution à l’initiative de la mouvance pestilentielle. Ces deux journées ont occasionné des violences à Cona-crime et à l’intérieur du pays. C’est notamment le cas au Foutah où plusieurs localités ont été le théâtre d’affrontements entre la flicaille et des jeunes manifestants surchauffés. Si à Labé et à Pita l’atmosphère était beaucoup moins tendue, cela n’a pas le cas pour la ville de Dalaba. Déjà secouée par les manifestations la semaine dernière, la situation a dégénéré hier mercredi, 22 janvier, au centre-ville. Jets de pierres, gaz lacrymogène, barricades partout. Des manifestants ont affronté ces deux derniers jours les flics avec la ferme détermination de bouter dehors tout représentant de l’Etat. Mardi, la prison civile de la ville a été détruite, des détenus libérés. Hier mercredi, le poste de police, le siège de la gendarmerie, la résidence du préfet… ont été vandalisées. Même les renforts venus de Labé et de Mamou n’ont rien pu faire. Ils n’ont pratiquement pas eu accès à la ville. Les jeunes ont imposé leur loi, obligé le préfet de Dalaba à prendre ses jambes à son cou. Il se serait réfugié à Mamou, en attendant d’y voir plus clair.
Au lendemain de ces violences, la dépité uninominal de cette ville, rejette la responsabilité sur le préfet : « Nous avons cherché à calmer les jeunes, nous avons demandé à ce qu’il n’y ait pas de casse, mais ils ont exigé le départ du préfet et les gens qui sont venus pour soi-disant sécuriser la ville. Le FNDC a demandé la désobéissance civile, mais monsieur le préfet a demandé à ce qu’on transporte ce qui se passe dans la commune de Ratoma à Dalaba. Alors tout ce qu’il y a eu comme dégâts dans cette ville le préfet est le seul responsable. Des édifices publics ont été saccagés, c’est déplorable. Mais demander à ce qu’on casse les marmites, qu’on soit capable de gazer les notables jusque dans les mosquées, cela aussi est déplorable. Si on n’avait pas attaqué notamment la mosquée, personne n’aurait dit autre chose. C’est vrai qu’il y avait des barricades, mais il n’y avait pas de casses ». Ce jeudi matin, malgré un calme précaire, il se murmurait que le maire a également fui. Ce dernier dément cette information et affirme se trouver dans son bureau.
Comme à Dalaba, des violences ont été enregistrées hier dans la préfecture de Télimélé. La manif du mardi s’était terminée par des affrontements entre pro FNDC et flics appelés en renfort de Kindia. Mais hier, ces derniers n’ont rien pu faire face à la détermination des jeunes. Le poste de police en a fait les frais.
Ce jeudi, l’ambiance est beaucoup plus électrique à Labé. Les jeunes ont barricadé tous les points stratégiques de la ville. Ils tenteraient de s’en prendre à certains édifices publics, notamment le gouvernorat. Le gouv de la ville, Madifing Diané, aurait quitté son bureau, se retrancherait dans sa résidence. Il aurait même requis à nouveau l’armée pour faire revenir le calme dans la cité. L’antenne locale du Front justifie ces manifestations de ce jeudi par les violences enregistrées hier dans la préfecture de Dalaba.
Dans un communiqué diffusé hier, le FNDC a appelé ses partisans à continuer la résistance à l’intérieur du pays. Dans la capitale Cona-crime, les manifestations reprendront les 28 et 29 janvier prochain. En attendant, c’est chaud dans plusieurs localités du bled.
Yacine Diallo