Le ministre de l’Economie et des finances et celui de l’Industrie et des PME ont signé, jeudi 18 juin, une convention d’établissement de la Société agro-industrielle Guinéo-Emirati (SAGE S.A) avec Alsa Asset Management Limited d’Abu Dhabi pour la relance de l’ex-Salguidia (Société arabo-libyenne-guinéenne pour le développement industriel et agricole). Apparemment, l’ananas guinéen a un goût prononcé pour les Arabes, à moins que ce ne soit l’inverse. Dans tous les cas, les Libyens ont d’autres priorités à présent.
Ce qui donne tout le loisir à l’accord pour fixer les conditions de l’aménagement et de l’exploitation des terres agricoles pour la production de l’ananas et autres produits maraîchers, le conditionnement, la transformation et l’emballage, en vue de la commercialisation et de l’exportation.
La convention guinéo-émiratie est complétée par un pacte d’actionnaires qui définit les droits et obligations de chaque partie en sa qualité d’actionnaire. La société dispose d’un capital social de 140 millions de francs guinéens, détenu à 80% par le partenaire Emirati et à 20% par l’Etat Guinéen. SAGE s.a sera administrée par un Conseil d’Administration de cinq membres et une direction générale. On espère que cette-fois-ci, la Guinée sera suffisamment SAGE pour s’acquitter de tous ses devoirs, financiers en particulier, pour pouvoir goûter proprement au jus d’ananas et peser d’un certain poids sur la vie du patrimoine commun. La pratique n’est pas encore ancrée dans nos habitudes.
A l’arrêt depuis des années, le gouvernement guinéen avait de la peine à trouver un repreneur de la Salguidia,…libyenne, héritée « des usines du sous-développement» de la Première République. L’Etat libyen y détenait 75% des actifs. Mais, avec l’effondrement du régime Kadhafi, la société a fini par fermer, laissant les populations de Manférenya dans leur déception habituelle.
En tout cas, ce n’est pas la première fois que Manférenya voit ses ambitions se rétrécir comme une peau de chagrin. Les colons avaient prévu d’y implanter un très grand complexe agro-industriel, avec l’ananas comme centre d’intérêt. Toutes les études avaient été réalisées dans ce sens. Il ne restait plus que la mise en œuvre et puis…plus rien. Ils ont plié bagages. Ils ont tout simplement franchi la frontière pour aller s’installer en Côte d’Ivoire. Les études et les expériences faites à Manférenya ont été déployées d’abord à Ono avec une énorme usine de jus d’ananas, puis dans toute la zone de Bonoua et d’Aboisso. Le chemin aura été long. Cette fois-ci, Manférenya attend quelque chose de durable.
Oumar Tély Diallo