Alors que le pays s’achemine vers un nouveau bras de fer entre le Gouberne-ment et le Front National de Défense pour la Constitution (FNDC), la censure refait surface. Plusieurs patrons de presse ont été gentiment, officieusement, priés d’arrêter la diffusion de deux communiqués du FNDC. Désagréables aux oreilles du Gouvernement, ces spots seraient de nature à troubler l’ordre public. Ils auraient même fait l’objet de débats approfondis là-haut. En attendant que nos censeurs daignent nous revenir par écrit, nous avons cru bon de continuer d’honorer nos engagements envers nos respectables clients. Surtout qu’il est de notoriété publique que les règles qui gouvernent les nouvelles formes de « censure orale » n’ont pas été portées à connaissance de tout le monde. Quant aux spots aptes à troubler l’ordre public, les voici in extenso.

Spot 1

« Réunissant des acteurs de la société civile, des organisations syndicales et de la classe politique, le FNDC milite pour le respect scrupuleux de la Constitution de Mai 2010, bafouée par Alpha Condé. Depuis sa création, de nombreuses démarches et actions sont menées pour sauvegarder nos acquis démocratiques. Mais, ces actions n’auraient pu aboutir sans l’adhésion massive du peuple de Guinée. Le FNDC félicite toutes les guinéennes et tous les guinéens pour avoir massivement suivi, sur l’ensemble du territoire national, le mot d’ordre de s’opposer au coup d’Etat constitutionnel qu’Alpha Condé avait décidé de perpétrer le 22 mars 2020. Le FNDC se réjouit de la détermination et du sens élevé de la responsabilité de ses concitoyens. Ensemble, unis et solidaires, nous vaincrons ! »

Spot 2

« Le FNDC déplore et condamne énergiquement les violences exercées sur les populations civiles par les forces de défense et  de sécurité, puissamment appuyées par les unités spéciales de l’armée et milices aux ordres du pouvoir. De nombreux Guinéens ont payé ce combat pour la liberté de leur vie. Mais le FNDC rassure le peuple de Guinée que ces assassinats ne resteront pas impunis. Le FNDC rassure aussi l’ensemble des camarades de lutte arbitrairement détenus que tout ce qui est possible sera fait pour obtenir leur libération. À l’heure actuelle, des actions judiciaires sont déclenchées à la Cour pénale internationale (CPI) et à la Cour de Justice de la  CEDEAO contre ce régime dictatorial pour avoir perpétré des crimes contre l’humanité. Malgré l’observation de la trêve, la lutte citoyenne continue tant qu’Alpha Condé n’aura pas rendu le pouvoir au peuple. Elle continuera jusqu’à la victoire finale dans l’intérêt supérieur de la Guinée. »

Cet appel à décrocher les spots du FNDC renforce la tendance à la censure prise ces dernières années. Le 22 mars 2020, jour du référen-donne, les réseaux sociaux étaient inaccessibles. Plus récemment, un certain Mandian Sidibé faisait les frais d’un blocage national permanent de son site d’informations ordonné par l’ARPT. Le 18 juin, le lendemain de la demande que nous reçue de faire taire le FNDC, de petits malins ont essayé de museler Lynx-Fm en s’attaquant au système de diffusion en ligne qui permet à la radio d’être écoutée mondialement à travers internet. Ils ont essayé de le submerger de requêtes pour que le pauvre la boucle, ne sachant plus où donner de la tête. Au plus fort de l’attaque, le serveur de streaming recevait près d’un million 200 mille requêtes par minute. Nous pensons bêtement que si c’est une coïncidence, elle est plus que troublante.

Mohamed Diallo