Thierno Maadjou Bah, Sidi Diallo et Ibrahima Sory Lincoln Soumah, journalistes, animateurs de l’émission «Africa 2015» à la radio Nostalgie FM, ont été condamnés le 13 janvier par le tribunal de première instance de Kaloum. Le juge, Abdoul Gadiri Diallo, les a condamnés à deux mois de prison avec sursis et au paiement de 500 000 francs glissants chacun, pour des faits de diffamation et de complicité. Après la décision, l’avocat du trio compte relever appel dès ce jeudi 14 janvier.

La dirlo de l’école Saint-Joseph de Cluny, Marie-Louise Barry, a porté plainte contre les journaleux, pour des faits qui remontent à 2018. Aboubacar Camara, prési par intérim de l’Union des Radiodiffusions et Télévisions Libres de Guinée, Urtelgui, dans l’émission Œil de Lynx de ce 14 janvier se dit étonné. «Nous avons appris la situation avec beaucoup d’étonnements, dans la mesure où c’est une condamnation. Quand on a vu l’arrêt, nous avons constaté que le juge a rappelé les articles qui leur ont permis justement de prendre cette décision. Il se trouve que ces articles sont tirés du Code pénal alors que les faits qui sont reprochés aux journalistes se sont passés dans un studio lors d’une émission».  Selon lui, il est inacceptable de condamner « tout simplement des journalistes dans un studio, qui ont animé une émission. On les juge sur la base du Code pénal parce que la loi L002 sur la liberté de la presse en Guinée est claire, elle dépénalise les délits de presse. Donc, nous nous sommes dit qu’il faut lever l’équivoque. En Guinée, selon l’article 76 de la loi sur la liberté de la presse, un journaliste est défini comme étant toute personne qui est diplômée d’une école de journalisme, reconnue par l’Etat et dont l’activité principale et régulière est rétribuée consiste à la collecte, au traitement et à la diffusion de l’information ». D’ajouter qu’elle est allée plus loin, « parce qu’elle dit et reconnait le journaliste comme étant toute personne titulaire d’un diplôme de licence ou équivalent qui a suivi plus de 2 ans de stage dans une rédaction».

Aboubcar Camara a aussi rappelé, qu’en matière de droit, la spécificité prime sur la généralité. « Si tu prends la presse guinéenne, la loi spécifique, c’est la 002 ; le Code pénal est une loi générale qui concerne tous les citoyens qui vivent sur le territoire guinéen. Un journaliste hors de son studio, qui va à Madina et se bat avec quelqu’un, peut être condamné sur la base du Code pénal. Mais lorsqu’il est dans son studio pour faire son émission ou son journal, si un citoyen se sent lésé dans les interventions du journaliste-là, il est logique que ce citoyen porte plainte contre ce journaliste, la plainte doit se faire par voie d’huissier à travers une citation directe au journaliste. Et le juge ne peut pas le condamner sur la base du Code pénal. Il le condamne sur la base de la Loi L002 qui est une loi organique et spécifique. Donc aujourd’hui, nous assistons à un assassinat de la Liberté de la presse en Guinée, ça ne peut pas se passer comme cela, il faut se mobiliser », lance-t-il.

Après la déclaration qui fustige la condamnation des trois confrères, il invite la presse à se mobiliser comme un seul homme, et « partir à la HAC, au ministère de la justice, pour interpeller les pouvoirs publics et leur dire : « attention, il y a violation manifeste. C’est inacceptable et ça commence à être de trop.»

Kadiatou Diallo