Cela fait une semaine que le gouvernorat de la ville de Conakry et le ministère de la ville et de l’habitat ont commencé une opération de déguerpissement des emprises des routes de Conakry. A Kaloum, Dixinn et à Matoto le bulldozer a cassé de nombreux cabarets, des bars et même des maisons. Dans la commune de Matam, précisément au quartier Coléah, ceux dont les maisons ont été cochées n’ont pas attendu l’arrivée du bulldozer. Ils ont cassé eux-mêmes les parties cochées. Cela serait mieux que d’attendre le bulldozer qui pourrait déborder. Partout, les gens sont à la tâche. « Nous sommes obligés de casser nous-mêmes, parce qu’ils sont venus cocher sans nous associer. Et nous avons vu que dans les autres quartiers, les agents déguerpissent avec violence et si ce sont eux qui viennent, ils cassent plus que ce qui est prévu », a expliqué Bafodé.

Une autre victime exprime son mécontentement. Ce qui lui fait mal, c’est que l’Etat est en train de casser pour casser « Je suis d’accord avec le déguerpissement si le gouvernement devait aménager. Mais, ils vont laisser ça comme ça, nos activités seront paralysées, pendant ce temps les restes des maisons et la poussière vont nous fatiguer ». La casse des baraques et hangars amène de nombreux pères et mères de famille qui vendaient des aliments et autres objets pour subvenir aux besoins des enfants au chômage. A la SIG Madina, même si des maisons ou baraques ne sont pas encore cassés, certains endroits sont cochés. Dans de nombreux quartiers, les citoyens se plaignent des deux poids deux mesures que font les autorités. D’ailleurs, sur les réseaux sociaux, on présente un immeuble intact sur la même ligne qu’une maison cassée.

Rappelons qu’en 2016, le ministère de la ville et de l’habitat avait déguerpi les emprises de la ville de Conakry. L’opération avait fait beaucoup de victimes. Cinq ans après, rien n’a été fait et les gens ont réoccupé la rue. Pour la plupart, ils ont reconstruit pour en faire des lieux de commerces. Rebelote, cette autre opération de déguerpissement que certains qualifient de mesure populiste, malgré la mise en garde de l’État.

Ibn Adama