Par la faute et le laxisme de l’administration fédérale, la carrière sportive de plusieurs de nos jeunes footballeurs est malheureusement compromise. En effet, notre équipe des cadets disqualifiée par le jury disciplinaire de la CAF devra subir les rigueurs de la loi. En dépit des assurances données par le Comité directeur de la Fédération guinéenne de football, les Guinéens n’ont désormais que leurs yeux pour pleurer.
Pour celui qui a suivi le cheminement de cette affaire de falsification de l’âge de deux de nos footballeurs ayant participé à la CAN des cadets en Tanzanie au mois d’avril 2019, il n’y a pas lieu de pavoiser. Nous avons prêté le flanc en n’étant pas trop regardant dans l’administration des dossiers de nos footballeurs. Même si l’argument brandi par la fédération, à savoir que le tournoi international + Dream Cup + organisé au Japon en 2017 n’est pas reconnu par la FIFA, il est formellement prouvé que les footballeurs Ahmed Tidiane Kéïta et Aboubacar Conté ont eu deux passeports avec des dates de naissance différentes. En Outre, pourquoi le 15 juillet 2019, ces deux footballeurs, ainsi que certains responsables de la fédération ont été suspendus, par mesure conservatoire de la part du président de la Fédération, à la suite du rapport produit par le général Mathurin Bangoura. Il s’agit de feu Alhassane Youla à l’époque chargé des compétitions, Mme Madeleine Wright, secrétaire, et l’entraîneur Mohamed Manéah. Si la fédération montre patte blanche, pourquoi ces mesures conservatoires entre temps ont été levées. Il faut souligner qu’en plus de cette mesure conservatoire, le président de la fédération avait procédé à la dissolution de toutes les commissions….
Face à la procédure engagée par nos voisins sénégalais, pour faire bonne conscience, la fédération s’était fendue d’un communiqué dans le but de rassurer l’opinion publique dont nous vous livrons in extenso la teneur : «La Fédération Guinéenne de Football a reçu notification, par la CAF, d’une décision du Jury Disciplinaire de cette instance prononçant des sanctions à la fois sportives et économiques contre la Fédération et les deux jeunes joueurs U17 dont la qualification à participer à la dernière Coupe d’Afrique des Nations était contestée par une fédération au motif prétendu de la falsification des passeports de ces deux joueurs. Cette décision est manifestement erronée. Elle semble n’avoir pas été prise sur la base des éléments dont dispose la Fédération Guinéenne et qui établissent clairement le bon droit de celle-ci. Ces éléments (passeports biométriques, actes d’état civils, documents médicaux) confirment les premières décisions de la CAF ayant retenu la légitimité des deux joueurs à disputer la compétition concernée. La Fédération Guinéenne de Football a donc immédiatement fait appel de cette décision erronée. Elle demeure extrêmement sereine quant au rétablissement, dans les plus brefs délais, de la vérité des faits et des résultats sportifs.»
Alors que le président de la fédération entretenait une lueur d’espoir, le 26 octobre, le mondial U17 débutait avec le Sénégal en lieu et place de la Guinée. Dans ces conditions, peut- on dire que ce n’est pas le résultat technique obtenu sur le terrain qui compte, mais la décision du TAS ? Les Guinéens sont-ils incrédules à ce point pour ne pas se rendre compte de l’évidence ? A l’heure des bilans, il faudra bien se décider à éclairer la lanterne de l’opinion publique. Ce qui est certain, le Mondial s’est disputé sans la Guinée, par la faute de l’administration de la fédération. Le problème est de savoir qui a bien pu mettre la puce à l’oreille des Sénégalais en Tanzanie, pour qu’ils persistent à porter réserve contre nous.
La morale de cette regrettable histoire
Maintenant que le Mondial des cadets, édition 2019, relève de l’histoire, dans ce qui ressemble fort à une conspiration du silence de tous les acteurs du football y compris les membres statutaires de la fédération, il revient désormais à l’instance dirigeante de notre football de revoir fondamentalement son administration. L’établissement et le suivi d’un fichier fiable devrait être de mise pour éviter des impairs qui seront préjudiciables à bien des égards : la crédibilité de l’institution, la carrière sportive des footballeurs incriminés, l’image de marque du pays, et surtout nos relations avec la CAF et la FIFA. La Guinée reconnue grand pays de football grâce à son glorieux passé, ne mérite nullement ce qu’elle a subi l’année dernière. Par la cupidité et l’irresponsabilité de personnes peu scrupuleuse. En tout état de cause, il revient au président de la fédération de tirer les enseignements de ce gênant dossier, qui peut lui rester au travers de la gorge. Et pour enfoncer le clou, preuve que nous sommes bel et bien disqualifiés par la CAF, la phase éliminatoire pour la zone Ouest A vient de se dérouler au Sénégal sans la Guinée. C’est le Sénégal et le Mali qui sont qualifiés au compte de la zone Ouest A à la Coupe du monde des U17 qui devait avoir lieu en Indonésie cette année, mais annulée par la FIFA pour cause de pandémie du Covid-19.
Cheick Tidiane