La présence du prési du parti Union des Démocrates pour la Renaissance de la Guinée, UDRG, dans le cabinet du chef de file de l’opposition, Mamadou Sylla, fait le tour des réseaux sociaux. Interrogé dans l’émission Œil de Lynx de ce mardi 23 février, Bah Oury a fait savoir que certains s’étonnent pour rien. «Nous n’évoquons pas le fait jusqu’à présent que certains partis ont leur représentant au niveau de la CENI. Donc, il est tout à fait normal que l’UDRG, qui entend être une force politique majeure dans ce pays puisse, suite à une invitation de monsieur le chef de file de l’opposition à participer aux discussions, aux travaux au sein du cabinet de l’institution chef de file de l’opposition». Pour Bah Oury, c’est un honneur parce que, dit-il, «par ce biais nous pouvons faire revaloir des idées, des revendications, des préoccupations pour que l’espace politique guinéen puisse être beaucoup plus civilisé, beaucoup plus responsable, beaucoup plus constructif, beaucoup plus fraternel et beaucoup plus conviviale et qu’on ne puisse plus avoir des gens emprisonnés ou des gens tués pour des faits politiques. Ceci renvoie à une jeunesse avec la mise en place de l’OGDH et toutes les autres initiatives que nous avons prises au cours de ces 3 dernières décennies. C’est de conforter la stabilité, la paix et la cohésion nationale sans lesquelles rien n’est possible de bien pour la majorité de nos compatriotes», fulmine Bah Oury.

Comme Bah Oury avait contesté les sélections référendaires et législatives, ses détracteurs voient mal sa présence dans le nouveau cabinet du chef de file de l’opposition parlementaire. Le prési du parti UDRG, dit les comprendre parce que pour lui, lorsqu’on n’a pas d’explication, on peut s’interroger et que c’est tout à fait légitime. «Mais il faut d’abord comprendre le processus. L’UDRG n’a pas participé aux législatives, l’UDRG a toujours montré son refus à ce changement qui a abouti à la constitution du 22 mars 2020, l’UDRG n’a pas participé à la présidentielle du 18 octobre. Et nous avions belle et bien indiqué que ce que nous risquons d’avoir c’est que certains y participent. Ils vont accompagner la mise en place du 3ème mandat. Ils vont valider l’ensemble du processus qui a abouti à cela. Et ce que nous regrettons le plus, c’est que cela va être l’occasion d’un délabrement de la cohésion nationale avec des risques pour la stabilité de notre pays», regrette-il.

Parlant de l’idée de cohérence politique, Bah Oury dit qu’il faut avoir une lecture tout à fait correcte de l’ensemble des choses. Il dit que le 3eme mandat a été validé par ceux et celles qui ont contribué à en faire une élection comme une autre. «Donc ceux-là ont des comptes à rendre à l’histoire et à la postérité. A partir de ce moment, nous avons pris acte de la réalité. M. Alpha Condé est en fait l’interlocuteur privilégié de la communauté internationale, de la communauté nationale c’est lui qui exerce l’autorité sur l’ensemble des institutions de ce pays. Premièrement, nous avons pris acte du fait que M. Alpha Condé est le président de la République de Guinée. Deuxièmement, à partir du moment où vous prenez acte qu’est-ce que vous allez faire ? Vous allez bouder dans votre coin ? En disant que tout ce qu’ils font ne m’intéresse pas, alors que la vie est en train d’être très difficile pour nos compatriotes, que les frontières sont fermées, que les gens sont emprisonnés, que des gens meurent en prison, que la pauvreté s’intensifie. Nous n’avons pas le droit de croiser les bras et dire on laisse faire comme on souhaite, que le pays sombre», s’interroge-t-il.

Pour cet opposant, la Guinée doit changer et tout bon guinéen a l’obligation d’être là où il faut pour redresser tout ce qui ne va pas dans le bon sens et dans l’intérêt du pays.  Il rassure tout de même qu’avec ce nouveau cabinet qui, selon lui, a montré le souci de contribuer à ramener le calme et la sérénité «nous nous sommes dit que marcher ensemble pour ramener la sécurité et la stabilité dans notre pays et contribuer à l’émergence d’une autre façon de faire la politique ici et que ça ne soit plus des guerres fratricides comme certains en ont l’habitude depuis plusieurs années».

Kadiatou Diallo