Le vendredi 26 mars, la commission Duclert a remis officiellement à Emmanuel Macron un rapport de 1 200 pages sur le génocide rwandais. Il y est indiqué que la France porte des « responsabilités lourdes et accablantes » dans les événements qui ont abouti au génocide des Tutsis en 1994. La France s’est longuement investie aux côtés d’un régime qui encourageait des massacres racistes, souligne le rapport. Elle est demeurée aveugle face à la préparation du génocide. Cet alignement sur le pouvoir rwandais procède d’une volonté du chef de l’État. « François Mitterrand est donc clairement pointé du doigt, comme son cercle proche qui entretenaient des relations fortes, personnelles et directes de Mitterrand et du président rwandais Juvenal Habyarimana ». Le rapport critique les livraisons massives d’armes au régime rwandais même si dans les archives examinées, aucun document n’atteste de livraisons d’armes après le début des massacres. Emmanuel Macron a pour sa part salué « une avancée considérable » pour comprendre l’engagement de la France au Rwanda.

Une responsabilité, pas de complicité. Pour l’Élysée, si la France a une responsabilité politique, institutionnelle, intellectuelle, éthique et morale, elle était dans l’incapacité à comprendre ce qui se passait à l’époque. Le rapport écarte donc la notion de complicité : « Si l’on entend par complicité une volonté de s’associer à l’entreprise génocidaire, rien dans les archives consultées ne vient le démontrer », est-il écrit en conclusion. L’Élysée affirme aussi que les accusations contre l’opération Turquoise sont également écartées.

Ce rapport a trois enjeux, estime David Servenay, journaliste indépendant : « Celui de la connaissance historique, celui de la reconnaissance politique et celui de la réalité judiciaire. Le journaliste estime que ce rapport et les documents d’archives examinés vont peut-être alimenter un certain nombre de dossiers judiciaires ».

Il y a deux ans, le président français avait chargé une quinzaine d’historiens, réunis au sein de d’une commission présidée par l’historien Vincent Duclert, d’examiner les archives françaises relatives au Rwanda et au génocide des Tutsis entre 1990 à 1994. L’objectif affiché était d’établir le rôle de la France dans le génocide rwandais.

Oumar Tély Diallo
avec Rfi