L’habitude toute guinéenne : on se tait pour laisser passer la tempête. Disent les Ivoiriens : z’yeux voient, bouche ne parle pas. Hélas, l’assertion ne saurait abolir le temps. Cette fois-ci, la puanteur a eu raison du dicton. Briser le silence passe pour un devoir. Les injures adressées au « Vieux Biro » par Gnéloye ont percé le mur du çon, comme dirait un certain Canard Enchainé, pour exposer toute une génération, tout un système, tout un pays, celui du président de la République de Guinée, le Professeur Alpha Condé.

Les rares Guinéens assez courageux pour regarder sans vergogne cette vidéo du jeune Gnéloye ont dû se surmener à savoir par où commencer à perdre la raison. Ils ont certainement pensé à leur propre culture d’antan. Celle présente ne saurait être que nauséabonde. Pourquoi, Grand Dieu, surtout comment peut-on produire et diffuser pareil contenu dans une république dirigée par un professeur de droit, ancien opposant historique, ancien président de la FEANF ? N’est-ce pas le drapeau de cette vénérable institution africaine-là qui ornait l’honorable tribune de la prestigieuse cérémonie d’investiture quand le Président-Grimpeur a pris ses fonctions de président de la république le 21 décembre 2010 ? N’est-ce pas le vieux Biro, alors président de l’Assemblée nationale, qui avait réussi à empêcher la levée de l’immunité parlementaire du député Alpha Condé injustement jeté en taule, non pour délit de fuite, mais pour délit de contre-pouvoir face au Général Lansana Conté ?

Sous la présidence d’un professeur de droit, Kadiatou Biro n’a pu déposer plainte devant les diverses structures de la justice guinée-haine. Ahurissant ! « C’est la victime elle-même qui doit le faire, non ses enfants,» hasarde un pro-crieur de la république. Or, à 99 ans, le patriarche de Mamou a toutes les peines du monde à se retrouver devant l’imam de la mosquée la plus proche de son domicile. Le juge, lui, aura tout le loisir de reverser l’affaire à la justice divine. Vu le mal qu’il éprouve à appliquer aux protégés de Sékhoutouréya, la loi sur la cyber sécurité si ravageuse dans les rangs de l’opposition. Que dire si cette loi-là était en vigueur au temps où Alpha Condé s’opposait ouvertement à Lansana Conté ? En tout cas, Roger Bamba n’a été capturé par la DPJ que pour des captures d’écran. Comment voulez-vous que le nombre d’opposants historiques se multiplie dans le pays ? Posez la question à Nelson Mandela et aux geôliers de l’apartheid, ils vous riront au nez.

Un message pour conclure. Demandez à nos forces de défense et de sécurité d’ajouter l’honneur du Guinéen et de sa famille à leur devoir de défendre l’intégrité du territoire national. Dites-le à tous nos généraux sans exception. La justice ne voulant plus jouer ce rôle, ils vous comprendront aisément. De Baffoé à Baldé, en passant par Namory, Doumbouya, Alpha Ousmane et tout le reste du gotha. Ainsi, l’état major de la gendarmerie nationale cessera-t-il de servir de ring ; le galon, d’arme pour couvrir un silence déplorable. Vous n’y croyez pas ?

Diallo Souleymane