Le 5 mai, les travailleurs de la société Bonagui (Boisson non alcoolisée de Guinée) sont allés en grève. Ils dénoncent leurs conditions de travail et le non-respect des protocoles d’accord signés avec la Direction générale de l’entreprise.

Le lendemain, le responsable adjoint du syndicat,  M’Bemba Youla, est revenu sur les causes de la grève : «Le 1er janvier 2020, on a adressé une plateforme revendicative à la Direction générale de la Bonagui. Elle n’a pas encore répondu à nos revendications. En août 2020, les travailleurs ont décidé d’arrêter le travail. Après, on a négocié  un protocole d’accord avec la Direction, pour suspendre la grève. Dans ce protocole, il y avait plusieurs points dont : la révision de la grille salariale et la mise en place d’une commission tripartite composée de l’Inspection générale du Travail, la Direction générale et les syndicats de Bonagui, pour faire une nouvelle grille salariale qui va permettre aux travailleurs d’avoir une augmentation de salaire. Cela a été fait et soumis à la Direction générale, pour adoption. Après la signature, toutes ces trois parties prenantes avaient reçu des copies. Le 30 avril dernier était la date de la validité du  protocole. A un mois de cette date, ils sont venus nous dire qu’il faut recruter un nouveau cabinet pour reprendre le travail qui a été fait par la Commission. Mais les travailleurs se sont opposés et ils ont exigé le respect de ce qui a été validé. Comme le 30 avril, ils n’ont pas payé nos salaires, nous leur avons accordé un délai de 48 heures. Ils n’ont pas respecté ce délai, c’est pourquoi on a organisé une assemblée au cours de laquelle, les travailleurs ont décidé d’aller en grève le 5 mai. Depuis hier, il n’y a pas de travail. Nous demandons à ce que la grille salariale signée soit respectée et que les travailleurs soient assurés que leur salaire sera payé par virement bancaire. En août 2020, la grève n’a été que suspendue, donc, c’est cette grève-là qui continue. Nous, syndicats, avons été appelés à l’Inspection générale du Travail avec la Direction générale. Après que l’Inspection a lu les courriers des deux parties, elle a demandé à la Direction générale de la Bonagui les raisons du recrutement d’un cabinet pour reprendre un travail déjà validé. Comme la Direction était représentée par le Directeur général et le Directeur des ressources humaines même, ils ont répondu que cela est la volonté du patron. Après, il leur a été demandé : si c’est pour harmoniser le salaire ? Si le technicien de laboratoire de Guinée doit avoir le même salaire que celui du Ghana, par exemple ? Ils ont répondent que la réalité des pays est différente. L’Inspection générale leur a répondu par la négative et que lorsqu’on signe un protocole d’accord, on le respecte, avant de leur exiger le payement du salaire des travailleurs. Le Directeur général avait demandé de revenir après, lorsqu’il aura trouvé un consensus avec ses patrons qui se trouvent au Ghana et en Espagne. Aujourd’hui,  la balle est dans leur camp… », explique le syndicaliste.

 M’Bemba Youla ajoute : «Quand le mot d’ordre de grève a été observé à 99%, le Directeur des ressources humaines a appelé certains travailleurs pour les menacer. Pourtant, la grève est un droit, on a informé l’Inspection générale du travail qui nous a promis de nous rappeler. Cette histoire d’intimidation a été le comportement de la Bonagui depuis longtemps, mais cela ne marchera pas cette fois-ci. Il y avait plus de 400 employés au sein de la société, aujourd’hui il ne reste que 119 et plus de 600 travailleurs non embauchés. Cette diminution du nombre s’explique par le mauvais traitement salarial qui pousse certains à démissionner. L’entreprise a licencié plusieurs équipes de travailleurs qui revendiquaient en cas de situation défavorable. Aujourd’hui, on est moins nombreux mais nous produisons mieux. Parce que, nous ravitaillons beaucoup de pays limitrophes en ‘’jus  Bonagui’’. Nous fournissons beaucoup d’efforts, c’est pourquoi nous demandons un salaire satisfaisant.» Il dénonce un «déséquilibre salarial entre les étrangers et les Guinéens». Selon lui, les étrangers sont payés jusqu’à «70 millions de francs guinéens par mois, pendant que le Guinéen a un salaire de base d’un million. C’est contre cette injuste que nous luttons», a affirmé M’Bemba Youla. Ce 7 mai, la grève s’est poursuivie.

Les responsables de la Bonagui n’ont pas accepté de nous recevoir, pour donner leur version des faits.

Baïlo Diallo