Le gouvernement fait planer une augmentation du prix des produits pétroliers au-dessus de la tête des Guinéens depuis plus de deux mois. Alors que le mois de ramadan est désormais derrière nous, une folle rumeur selon laquelle le prix du carburant pourrait connaitre un réajustement à la hausse à partir du 1er juin, s’est emparée de Conakry et des villes de l’intérieur du pays. Les propriétaires d’engins roulants se sont alors rués vers les stations-services pour faire le plein avant que la mesure n’entre en vigueur. L’occasion pour certains responsables de stations d’orchestrer une pénurie pour augmenter le prix. Hier dimanche, de longues files se sont formées devant plusieurs stations-service dans la capitale et dans les villes de l’intérieur. Les prix ont alors flambé et oscillé entre 15 000 et 20 000 francs guinéens, tandis que le prix officiel demeure à 9000. La situation a obligé le ministère des Hydrocarbures à taper du poing sur la table. Le ministre Diakaria Koulibaly a menacé de s’en prendre à tout propriétaire de station qui se lancerait dans cette aventure ‘’spéculative’’. Mais cette sortie des autorités n’a pas changé grand-chose sur le terrain. Certes, les longues files ont diminué, des stations se sont conformées à la décision, mais toutes sortes de pratiques se passent dans bien des stations-service à Dixinn et à Ratoma. Au rond-point de Bambéto et en face du centre commercial Prima Center, les deux stations Total et Star ont carrément baissé les rideaux : « Nous n’avons plus de carburant » lance un pompiste. Alors qu’elles fonctionnaient normalement hier. Un taxi motard trouvé à Bambéto accuse : « Pourtant, ils vendaient même ce matin, mais ils ont décidé d’arrêter d’un coup, ce n’est pas normal ». A la Station Nana Télico de Hamdallaye, c’est un autre son de cloche. L’essence ne se vend plus : « Nous n’avons que du gasoil ou bien vous ne voyez pas ? » lâche le gérant. Même chose dans une station Shell à Bellevue, dans la commune de Dixinn. A l’échangeur de Dixinn, les prix varient en fonction des clients. Les motards et ceux qui viennent avec les bidons sont obligés de payer 10 000 francs guinéens. Une décision qui engendre des altercations entre pompistes et clients : « Ce matin vous  vendiez le litre à 9000 gnf, pourquoi cette augmentation subite ? » s’interroge un client. « Tu n’es pas obligé de te ravitailler ici mon frère » rétorque le pompiste. Et d’insister : « Tout va bien par la grâce de Dieu. Ce sont des motards qui ne viennent que pour demander un litre. Mais nous allons satisfaire tout le monde ».

Dans les quartiers, chaque détaillant fixe les prix selon ses désirs. Jusque-là, ils varient entre 13 000 et 20 000 francs guinéens.

Yacine Diallo