C’est la fête du travail, ce 1er mai. En Guinée, le ministre de la Fonction publique, Mamadou Ballo a annoncé que dans l’esprit de gouverner autrement, son département entend promouvoir les droits fondamentaux au lieu de travail et les normes internationales du travail ; la protection et de la sécurité sociale, le dialogue social. Dans un contexte de Covid-19 qui a éprouvé l’économie guinéenne, sieur Ballo invite les organisations patronales et syndicales à promouvoir la paix et la quiétude sociales. Les travailleurs, eux, ne l’entendent pas de cette oreille. L’USTG que dirige Abdoulaye Sow trouve que les travailleurs guinéens sont au fond du gouffre.
Déclaration de l’Union syndicale des travailleurs de Guinée
Encore un 1er Mai qui ne ressemble pas aux autres.
Le 1er Mai de chaque année est une date importante car c’est la fête du travail et donc des travailleurs. Le travail et les travailleurs qui sont bien souvent les grands oubliés du débat public.
Pour cette année encore, à cause de cette pandémie mondiale, le COVID-19, nous sommes orphelins de nos manifestations et nos rassemblements fraternels, mais nous n’en sommes pas moins syndicalistes, libres, indépendants et déterminés à agir pour un monde de justice sociale. Nous sommes une vraie force de propositions et de progrès, même si certains semblent l’oublier.
La situation actuelle que traverse le travailleur guinéen, demande, selon l’USTG, que chacun, dans son rôle, assume et remplisse ses responsabilités. La nôtre, en tant qu’organisation syndicale, est de nous assurer que la santé des travailleurs, leur emploi et leur salaire, leurs conditions de travail et leur protection sociale sont bien et seront bien préservés. Plus que jamais, nous avons besoin de politiques sociales assumées car, le progrès social ne doit pas être vu comme la conséquence de la bonne santé économique mais comme une de ses conditions.
C’est d’autant plus urgent qu’en ce 1er Mai 2021 en Guinée, les crispations sociales sont fortes et nombreuses. De nos jours, l’USTG constate la précarité des emplois, la fragilité des contrats de travail, la violation des droits fondamentaux, la violence basée sur le genre en milieu du travail, les licenciements abusifs, le manque de protection sociale, l’ingérence flagrante de l’exécutif dans les activités syndicales, l’insécurité grandissante dans tout le pays, la faiblesse du SMIG, … Les travailleurs guinéens sont au fond du gouffre. L’USTG ne peut pas rester sourde à ces difficultés. Nous, mouvement syndical guinéen, ne pouvons pas rester sourds à ces difficultés.
Oui, il faut transformer notre modèle social car il ne répond pas à la diversité des besoins de la population. A l’USTG, nous militons pour un système social qui permette à toutes et à tous de se relever en toute circonstance, d’évoluer à tous les âges de la vie grâce à une solidarité renforcée et à des droits effectifs et adaptés. Aujourd’hui plus que jamais, les travailleurs et les citoyens aspirent à des transformations profondes qui leur permettent de s’épanouir. L’épanouissement ne peut pas être un privilège mais plutôt un droit. Pour construire une Guinée dans laquelle il fait bon vivre, il est nécessaire d’entendre les aspirations diverses de ces hommes et de ces femmes qui construisent jour et nuit notre Nation. C’est-à-dire les travailleurs.
C’est en prenant ces aspirations en considération que nous pourrons construire des compromis acceptés du plus grand nombre. L’USTG demande à nos gouvernants de faire confiance à l’intelligence collective. Accepter la concertation, ce n’est pas faire preuve de faiblesse. Au contraire ! C’est la méthode qui réclame le plus de courage politique et qui est de loin la plus efficace. Mais pour nous, syndicalistes de ce pays, il faut continuer à faire valoir notre syndicalisme, celui qui conjugue actions et propositions. Et l’USTG conjure le Gouvernement de rompre avec sa logique de contournement du syndicalisme dans son ensemble. C’est une impasse pour obtenir les transformations souhaitées car on ne transforme pas sans les premiers concernés. C’est aussi une grave impasse démocratique. Notre capacité de dialogue est la seule voie qui vaille.
En ce 1er Mai 2021, l’USTG lance un appel au mouvement syndical guinéen. Nos organisations ont une histoire différente. C’est sûr, nous ne sommes pas les mêmes. Mais nous sommes de la même famille, celle qu’on appelle les syndicalistes. Cette famille qui nous a été léguée par les pères fondateurs du syndicalisme guinéen au péril de leur vie. Nous appartenons tous à cette grande et noble famille qui défend les droits, ainsi que les intérêts matériels et moraux, collectifs et individuels de ces hommes et femmes qui sont les travailleurs guinéens. Face à un patronat qui devient de plus en plus sourd à nous supplices, face à une cherté de vie criarde et surtout face à un gouvernement tenté de faire sans nous, réfléchir et agir ensemble devient plus que jamais indispensable pour notre survie et pour le bien-être des travailleurs de Guinée.
Alors, nous formulons le vœu que l’unité syndicale revive et que le monde du travail et les travailleurs soient pleinement reconnus, que leurs revendications soient entendues, que le rôle régalien des syndicalistes soit valorisé. C’est le sens de ce 1er Mai. Nous l’avons voulu revendicatif car dès demain, nous poursuivrons le combat pour le bien-être des travailleurs.
L’USTG vous souhaite à toutes et tous un excellent 1er Mai.
Vive le travail et le travailleur
Vive la solidarité
Ensemble nous réussirons