Oumar Sylla était devant le juge pour son procès à la Cour d’appel de Cona-crime ce 3 juin. Après les réquisitions du procureur, les avocats de la défense ont défilé devant le juge pour tenter de détricoter les arguments du ministère public qui a requis deux ans de prison pour l’activiste. Pour Maitre Pépé Antoine Lama, ces procédures ont été tout simplement fabriquées pour atteindre Oumar Sylla : «Face à un ministère public qui est passé à côté de la plaque, qui a dévié, nous fondons notre espoir sur la cour. C’est un dossier vide, monté pour les besoins de la cause. C’est une cabale politico-judiciaire mise en place pour éliminer des personnes encombrantes.» Me Mohamed Traoré, lui, dénonce une justice à géométrie variable : «On dit qu’il est arrêté pour attroupement, pourquoi il n’a pas été interpellé avec d’autres personnes ? La justice doit être le dernier rempart pour tous les Guinéens. Aujourd’hui, un proche du pouvoir insulte toute une communauté, un autre se déclare récupérateur des terres d’une région, la justice ne se bouge pas. Mais dès que quelqu’un émet une opinion contraire à celle du pouvoir, il est emprisonné. Au moment où on parle de dialogue, vous magistrats, avez un grand rôle à  jouer… »

Oumar Sylla pour sa part, reste droit sans ses bottes : pas question de faire machine arrière : «Monsieur le président, j’espère que vous avez compris que je suis victime d’un acharnement. Cet acharnement m’a valu trois kidnapping… Moi, je défends la loi, je veux que vous jugiez cette affaire par le droit, rien que sur le droit. N’oubliez pas que vous serez jugé par le tribunal de l’histoire, que vous allez mourir et faire face à votre créateur. Quoi qu’il en soit, si défendre la loi constitue une infraction, je suis prêt à me battre jusqu’à mon dernier souffle.»

Le juge a renvoyé l’affaire au 10 juin prochain, pour le délibéré.

Yacine Diallo