Les rues meurent de notre «vieille perle» à présent bien usée et bonne pour un musée des horreurs, bruissaient depuis belle lurette de propos à éberluer populo et grosses légumes. La parole officielle a, à différents moments, contribué à la diffusion et la fiabilité des rumeurs qui ont fini par être perçues par les plus incrédules comme des éventualités à prendre au sérieux. C’est d’abord le premier des ministres, Don Kas qui a averti ses concitoyens, au détour d’une causerie avec des journaleux, de l’inévitable chienlit, dans l’air. Comme de Gaulle parlant de la situation créé par les étudiants soixante-huitards qui l’avaient défié et mis en péril sa jeune 5ème République. Les funestes propos de Don Kas sont suivis peu après par une comparaison prémonitoire du P’tit Bout, tout puissant ministre de plusieurs choses.

La magnanimité de sa Boss de Pr a permis de retenir le prix des produits pétroliers dans les limites du faible pouvoir d’achat des Guinéens alors qu’il est bien plus élevé chez nos voisins Alassane l’Y-voit-rien et le Sall du Maki de la Téranga. Après les litanies des grosses huiles de la république, l’augmentation en question ne faisait plus l’objet d’aucun doute. Les rumeurs s’étaient évanouies dans les mangroves et laissé place à une nouvelle quasiment certaine. On n’attendait plus que soient fixés le prix et le jour de la hausse. Les Guinéens, coutumiers de l’économie de pénurie de la période révolutionnaire et de l’attente de bateaux  apportant par delà les mers une profusion de biens et de mieux-être, accourent aux stations d’essence pour remplir bidons et fûts de carburant. Des essenceries sont provisoirement fermées. Les files d’attente s’allongent. Le ministre des Hydrocarbures veut reprendre les choses en mains, rassurer tout le monde. La situation est sous contrôle dit Le doute s’est emparée des foules qui scrutent déjà l’horizon où point le phénomène redouté, l’inflation. A cet égard, personne n’est amnésique. L’augmentation généralisée des prix résulte en général de celle du cours des produits pétroliers. On était dans cette expectative lorsque le goubernement a agréablement surpris tout le monde, par un papelard officiel en maintenant le prix des produits pétroliers à 9 000 fg le litre.

Quoi donc ? Pourquoi ce rétropédalage du Pr et de ses ouailles ? Par pure magnanimité du chef car il faut éviter d’écraser les populations sous le poids de la superposition des crises sanitaire et économique liées au Covid-19 ? Ou alors stratagème politique face aux cris d’orfraies du peuple, notamment celui de la Haute Guinée naguère fief, devenue désormais réfractaire, grincheuse. Ou alors a-t-on voulu couper l’herbe sous les pieds des maquisards que sont la Petite Cellule Dalein, le Sid de l’Ufr et Oussou Kabako qui avaient déjà glosé sur l’impertinence des arguments de Don Kas et du P’tit Bout. Le pouvoir d’achat des Sénéga-laids et des Y-voit-riens est nettement meilleur que celui des Guinéens. Le CFA est plus stable que le GNF. N’en déplaise à ceux qui ne veulent pas entendre raison. Le SMIG en Guinée est plus bas que dans les deux pays. Comparer le prix des produits pétroliers dans ces trois états appelle quelques commentaires précieux que l’on a tus. A raison sans doute.

Face à ce branlebas de combat, le goubernement a-t-il reculé ou accompli un courageux geste magnanime ?

Abraham Kayoko Doré