Depuis qu’il a réussi à grimper sur les épaules du populo pour un troisième mandat, le Prési Alpha Grimpeur souffle le chaud et le froid. Dans toutes ses sorties, il réitère sa détermination à mettre en taule tout opposant qui oserait perturber ce qu’il a appelé «quiétude et stabilité» qui règneraient dans le bled, qu’il va neutraliser ce qui reste de l’opposition. Curieusement, il prône le dialogue entre les acteurs politiques et a même mis en place un Secrétariat permanent du dialogue politique et social, confié à l’un des plus mouvanciers de l’opposition, l’ex-petit Président, Faux-dé Bangoura. Le dialogue a déjà du plomb dans l’aile. Faux-dé Bangoura peine à sortir de sa torpeur pour le faire démarrer. On se demande même si le monologue intéresse tant Alpha Grimpeur et son camp.

N’empêche, au sein de l’opposition, la meute aiguise les appétits, elle  sort de ses sacoches des alliances et contre-alliances pour espérer, à terme, s’arroger les retombées. Mamadou Sylla, chef de pile de l’opposition et sa troupe, très à cheval à un moment donné pour aider le Grimpeur à gouberner autrement, ont déjà la COREDE (Convergence pour la  renaissance de la démocratie en Guinée. Ousmane Kabako et quelques partis politiques ont servi la COPED (Coalition pour le progrès et la démocratie), le dépité Ibrahima Sory Diallo et ses lieutenants ont rappelé que leur CARP (Convergence des acteurs pour la relève politique). Des convergences dont les intérêts, généralement égoïstes, divergent.

Jusque dans un passé récent, les partis politiques proches de l’UFDG de La Petite Cellule Dalein Diallo juraient ne pas être intéressés par un quelconque dialogue avec l’Alphagouvernance. Mais depuis quelques semaines, les positions semblent évoluer. L’UFDG n’exclut plus d’évoquer le dialogue, mais avec des conditions. L’ANAD (Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie), qui a accompagné La Petite Cellule Dalein Diallo à la pestilentielle du 18 octobre 2020 décide de se métamorphoser. D’alliance électorale, elle se mue désormais en alliance politique. Sa vocation, réconciliation nationale, instauration de la démocratie et de l’État de droit dans le bled, réclamation aussi de la victoire de l’UFDG.

L’alliance a été scellée ce 14 juillet, au siège de l’UNAD à Kobayah. Elle sera présidée par La Petite Cellule Dalein Diallo pour un an renouvelable une seule fois. Il aura comme vice-prési, Thierno C’est-doux Bayo, Jacques G’Bonimy, Alpha Oumar Taran Diallo et Diabaty Doré. Ils seront conseillés par Dr Alpha Mady Soumah, Edouard Zoutomou K’poghomou, Étienne Soropogui, Lancinet Dioubaté et Dr Diwo Baldé : «L’alliance électorale qui était circonstancielle, avec la solidarité et l’unité que nous avons montrées, a permis de bâtir une confiance entre les membres de l’ANAD. Nous avons décidé de créer une alliance politique durable pour contribuer à l’avènement dans notre pays d’une société démocratique… Il fallait ce temps pour se connaître et se faire confiance. Depuis 9 mois, nous sommes ensemble sous les feux des exactions. Nous nous faisons désormais confiance et nous avons décidé de franchir le pas, de construire une alliance politique pérenne pour faire face à  Alpha Condé… » Et toc !

Cellou Dalein Diallo signe l’alliance avec l’ANAD

Des voix discordantes

Ce nouveau mariage ne fait pas que des heureux au sein du principal parti de l’opposition. Mamadou Barry, secrétaire gênant adjoint de l’UFDG ne veut pas en entendre parler. Cette grande gueule qui ne porte pas les «partis politiques poids plume» de l’ANAD dans son cœur, a osé dire tout haut ce que bien de militants marmonnent tout bas. Il accuse ces partis politiques qui rôdent autour du prési de l’UFDG de ne viser que le fameux dialogue au détriment de la réclamation de la «victoire de L’UFDG». Mamadou Barry s’était déjà invectivé avec des responsables de l’ANAD par le passé. Il estimait que cette organisation se substituait à l’UFDG, en parlant des morts pendant les violences postélectorales, des responsables du parti qui sont gnouf à l’hôtel cinq étoiles de Coronthie. Le président de l’UFDG, lui, a une autre lecture : «Je pense que c’est l’unité qui fait la force. Lorsque des gens partagent les mêmes valeurs, ont une même lecture de la crise que traverse notre pays, c’est normal qu’ils s’associent… Mais encore une fois, le risque zéro n’existe pas».

Des flèches contre le Grimpeur

La Petite Cellule Dalein Diallo est sans équivoque : cette alliance est pour combattre le Grimpeur que de se préparer pour un quelconque dialogue : «Lorsque vous dites que vous vous battez pour l’unité nationale, vous devez combattre Alpha Condé parce que c’est un facteur de division. Vous vous battez pour la bonne gouvernance, l’utilisation judicieuse des richesses du pays, vous devez le combattre.»

Yacine Diallo