Cela fait neuf mois que des opposants politiques au Prési Alpha Grimpeur dorment à l’Hôtel cinq étoiles de Coronthie (commune de Kaloum), arrêtés dans le sillage de la présidentielle du 18 octobre. En avril, 40 d’entre eux sur 97 au total avaient bénéficié d’un non-lieu et les 57 autres renvoyés en procès devant le tribunal de première instance de Dixinn. Sauf que les audiences tardent à s’ouvrir.

A la publication de l’ordonnance de renvoi du juge d’instruction le 29 avril, le procureur de la République Sidy Souleymane Ndiaye avait annoncé que l’ouverture du procès «est imminente». Près de trois mois après, aucune date n’est encore fixée pour l’ouverture des audiences. Et l’attente semble longue et angoissante pour les familles des détenus et les ONG de défense des droits humains. Chez nos confrères de FIM FM, la douce-moitié d’Abdoulaye Bah, l’ancien maire de Kindia, a appelé la justice à diligenter la procédure pour tirer les choses au clair. Son mari, souffrant de ballonnement de ventre et des œdèmes aux pieds, a récemment d’urgence été évacué à l’hôpital. Si son état de santé s’améliore, à en croire dame Bah, son absence prolongée de la maison est mal vécue par la famille, particulièrement par les deux vieux parents du prisonnier politique.

Procès ou libération

Même son de cloche chez la famille de Chérif Bah, vice-président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), le principal parti d’opposition dirigé par la Petite Cellule Dalein Diallo. «C’est très dur et difficile pour nous», réagit Mouctar Bah, neveu de l’ancien gouverneur de la Banque centrale de Guinée sous le régime de Lansana Conté alias Fory Coco. Et d’appeler la justice «à organiser un procès indépendant, pour leur permettre de prouver leur innocence. A défaut, les libérer».

«Aucune date d’audience n’a encore été fixée, des visites leur ont été refusées, leur mandat de dépôt, arrivé à expiration, n’a pas été renouvelé, en violation du Code de procédure pénal», selon un des avocats des prisonniers politiques cité par Amnesty international dans un communiqué publié ce jeudi 8 juillet. Si l’ONG se réjouit de la grâce présidentielle accordée à des condamnés politiques et le non-lieu du juge d’instruction à la quarantaine de militants interpellés en marge de la présidentielle, elle rappelle que «ces libérations ne doivent néanmoins pas faire oublier que des dizaines d’autres personnes sont en détention provisoire depuis plus de sept mois, dont des opposants politiques, et qu’un activiste pro-démocratie, Oumar Sylla, est détenu arbitrairement, simplement pour s’être exprimé. Ce dernier doit être libéré immédiatement et sans conditions, tandis que les autres personnes doivent être jugées sans délai selon des procédures justes et équitables, ou libérées».

Sidy Souleymane, toujours dans le dilatoire

Interpellé sur l’annonce d’une ouverture imminente du jugement des 57 prisonniers politiques qui croupissent depuis neuf mois à la Maison centrale de Conakry, le procureur de la République près le tribunal de première instance de Dixinn a plutôt préféré une mise au point : «Je n’ai pas dit que l’ouverture du procès était imminente. J’ai dit que le procès s’ouvrira prochainement». C’est-à-dire quand ? «Je continue à dire prochainement», coupe court Sidy Souleymane Ndiaye. Donnez-nous une date, les familles des prisonniers s’impatient, avons-nous enchaîné. «Pour une dernière fois, je dis que le procès va s’ouvrir prochainement. Merci!» Et toc !

Diawo Labboyah