Mes chers compatriotes,

Je ne suis pas spécialiste des questions électorales encore moins un historien, je suis plutôt un acteur et un témoin des faits liés au processus démocratique de notre pays survenu à la faveur de la prise du pouvoir par l’armée guinéenne, le 3 Avril 1984, suite au décès du père de la Nation, le camarade Ahmed Sékou Touré, le 26 mars de la même année.

La prise du pouvoir par l’armée guinéenne a été suivie de la mise en place de deux organes chargés, l’un du rôle exécutif dénommé : Comité Militaire de Redressement National (CMRN) et l’autre jouant le rôle législatif : Conseil Transitoire de Redressement National (CTRN). Leur mandat a pris fin à la mise en place du gouvernement de la présidentielle multipartite de 1993 (pour le CMRN) et de l’Assemblée nationale en 1995 (pour le CTRN). Cette prise du pouvoir a été saluée par la majorité des Guinéens et Guinéennes de tous bords confondus et marquait aussi la fin de la première République allant du 2 Octobre 1958 au 3 Avril 1984 qui avait opté pour le système socialiste comme modèle de notre développement.

La deuxième République intervenue en 1990 après l’adoption de la nouvelle constitution va engager le pays sur une nouvelle voie de développement national fondée sur le libéralisme économique à travers le discours programme de Son Excellence, Monsieur le Président de la République, Général Lansana Conté, le 22 Décembre 1985.

Depuis, des actes matérialisant la volonté politique et la détermination des nouvelles autorités à conférer un nouvel ordre national basé sur la participation de tous les citoyens à l’édification d’une nouvelle société où chacun aura un rôle précis à jouer conformément aux nouvelles lois de la République.

Ainsi, en 1991 vont naître les premières Communes de plein exercice, suivies en 1992 de la naissance aussi des nouveaux Partis Politiques et la réhabilitation du PDG-RDA suspendu le 3 Avril 1984 suivant arrêté du 05 Mai 1992 du Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Alsény René Gomez.

En 1993, intervient pour la première fois dans le pays, l’élection présidentielle multipartite avec la participation de plus d’une vingtaine de candidats. Et en 1995 intervient la mise en place de la nouvelle Assemblée nationale composée de 114 députés venant des différents partis politiques.

Mes chers compatriotes,

J’ai voulu cette introduction longue pour les besoins de la cause.

Venons-en à l’élection présidentielle de 1993. Suite au remplacement des trois préfectures de Conakry par les cinq communes en 1990-1991, j’ai été admis, en tant que ancien Préfet de Conakry 2, dans le cabinet de Monsieur le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité.

Le privilège et l’honneur sont revenus au premier ingénieur aéronauticien guinéen, Monsieur le Ministre Alsény René Gomez de piloter cette élection pleine d’enjeux tant sur le plan de la moralité, de l’expertise, de la compétence que de l’expérience.

Dans le cadre des préparatifs de cette élection à l’allure historique et pour sa réussite, plein pouvoir est donné au Ministre Gomez par le Général Conté qui tenait à rassurer sa bonne foi et sa sincère volonté politique à prouver à la communauté internationale que son engagement pour la démocratie vraie en Guinée avait valeur d’un serment venant de la plus haute autorité militaire et qu’à cet effet, il tenait mordicus à la sincérité du vote.

Tout le système électoral, par domaines de compétence, est lancé. Des personnes ressources compétentes sont mobilisées et réparties conséquemment. Rien n’a été occulté et les compétences étrangères ayant répondu à la demande du gouvernement ont donné le meilleur d’elles-mêmes. Plusieurs fois, j’ai dirigé, dans le cadre de cette élection, des missions dans la sous-région.

À Dakar (Sénégal), pour un premier temps, j’ai conduit une mission d’observateurs étrangers à l’occasion de la présidentielle à laquelle plusieurs candidats ont pris part dont le Président sortant Abdou Diouf.

La deuxième mission nous ayant encore conduit dans ce pays portait sur la collecte des documents de référence devant nous inspirer. C’est dire tout le sérieux qui a été porté à ce scrutin. La Suisse nous a aidés à nous doter d’une structure relevant de la police nationale, la CMIS pour une meilleure sécurisation des opérations de votre et du matériel électoral.

À l’interne, la sous-commission juridique chargée de la mise en place de tous les documents juridiques portant sur les élections ont été réunis accompagnés d’autres documents à faciliter le vote aux citoyens et déposés partout. La qualité des préparatifs de cette présidentielle multipartite, la première du genre, a permis à la Radio internationale, RFI de désigner le Ministre Alsény René Gomez comme étant le meilleur Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité en Afrique.

Somme toute, tous les aspects juridico techniques ont été pilotés par un organisme indépendant qui deviendra plus tard la Commission électorale nationale indépendante, CENI.

 Au niveau des 33 Préfectures et des cinq communes de Conakry, tout a été mis en place et tous les citoyens appelés à voter ont bénéficié des ateliers d’explication sur le vote et les choses à éviter pour ne pas voir le bultin de vote annulé. Les observateurs internationaux, le jour du vote, ont sillonné le territoire national de part en part et remis leurs rapports à qui de droit.

C’est seulement en Haute-Guinée, fief du RPG, où les consignes de vote n’ont pas été respectées, en mettant les bulletins de vote dans les enveloppes à ciel-ouvert, à l’intérieur des enclos faits à cet effet. Ceci a été observé par tous ceux-là nationaux et étrangers chargés de la surveillance des opérations de vote dans la région. Ce faisant, Pr Alpha Condé, a été le seul candidat à contester le résultat du vote en affirmant que c’est plutôt lui qui a remporté cette élection et non Général Lansana Conté, qui est parti cependant à cette élection avec tous les atouts dont :

-c’est le héros du 3 Avril 1984 _de sa majorité à sa mort, il est resté au service exclusif de la patrie,

 _il a éventré le Camp Boiro et fait librement rentrer tous les Guinéens de l’étranger,

_son bilan de 9 ans jugé globalement bon par la population:

 _le père du multipartisme,

_la loi fondamentale,

_le libéralisme économique,

 _la décentralisation avec ses nombreux atouts,

_l’éclosion des initiatives privées,

 _la consolidation des bases de l’unité nationale et le renforcement de la sécurité intérieure et extérieure.

Tout au long de cette opération de l’élection présidentielle, nulle part en dehors de la Haute-Guinée, il n’a été observé des comportements aussi bien du côté de la population que du gouvernement organisateur du scrutin, de nature à souiller la crédibilité et la sincérité du vote.

Honorable El Hadj Sékou Béka Bangoura

Dapompa Commune de Matoto