Pour, dit-il, couvrir les risques liés à la maladie, aux accidents non professionnels, à la maternité des agents publics et de leurs ayants droit et assurer la gestion des fonds d’Assurance maladie des agents civils, le gouvernement a créé en mars 2014, l’Institut national d’assurance maladie obligatoire (INAMO). L’institut devait vivre des prélèvements faits sur les salaires des agents de l’Etat. Mais les autorités ont eu du mal à faire entrer la mesure en vigueur. Cette fois, elles seraient sur la bonne voie. Les prélèvements pourraient commencer à partir de la fin août avec 5%.

Cette mesure a certes été prise en association avec certains leaders syndicaux, notamment ceux de la CNTG, de l’USTG et du SLECG d’Aboubacar Soumah, mais plusieurs de leurs agents, surtout de l’enseignement, ne la partagent pas du tout. Ils crient à la confusion, à l’extorsion, et dénoncent une façon pour le gouvernement de récupérer les 40% que les enseignants avaient arrachés en 2017 : «Cette institution est gérée par des personnes sur lesquelles nous ne portons pas notre confiance. Lors de nos grèves en 2017, certains de nos camarades de la CNTG  et de l’USGT-Mamou sont passés par tous les moyens, pour empêcher que nos revendications aboutissent. Aujourd’hui, ces personnes appartiennent à l’INAMO pour les uns, la Caisse de prévoyance sociale pour les autres, notamment le camarade Aboubacar Soumah qui est membre du Conseil d’administration. Dans l’optique de garder leurs postes, ils ont fait croire au gouvernement que l’ensemble des fonctionnaires, y compris ceux de l’Education, étaient prêts à accepter le prélèvement des 5% du salaire indiciaire et des 2% de la pension des agents de l’Etat qui ont fait valoir leur droit à la retraite», s’insurge Mohamed Bangoura, chargé de communication de l’USTG.

Une dent contre des syndicalistes

Selon Mohamed Bangoura, les enseignants veulent voir plus clair avant de s’engager. En réalité, le syndicaliste et d’autres contestent la mesure à cause de la présence des leaders syndicaux dans l’INAMO ou au sein de la Caisse nationale de prévoyance sociale : «Nous ne sommes pas contre la prise en charge médicale, ce que nous déplorons, c’est la manière… Nous souhaiterions que le gouvernement et ses complices nous définissent les modalités d’adhésion à cette prise en charge médicale, les maladies qui seront prises en charge ou qui nécessitent une évacuation sanitaire, les membres de la famille peuvent en bénéficier, les hôpitaux et les pharmacies ciblées. Nous voulons également connaitre le sort réservé à nos collègues de l’intérieur du pays. Tant que ces modalités ne sont pas connues, nous allons dire non à ce prélèvement ».

Des réclamations déjà

Outre ce prélèvement, les enseignants ne digèrent pas également l’augmentation du prix des produits pétroliers. A la place des 5% prélevés dans leurs salaires, ils s’attendaient à une hausse de leurs primes : «Nous venons d’assister à une augmentation fantaisiste du prix du carburant sans aucune mesure d’accompagnement. C’est cette période qu’ils choisissent pour faire entrer la mesure en vigueur. C’est une désolation… Au lieu de songer à un prélèvement, il faut plutôt penser à une augmentation de nos primes de transport et de logement. Faute de quoi, nous userons de tous les moyens légaux pour s’opposer à ce prélèvement. Nous pensons que c’est une façon de nous arnaquer pour continuer à garder leurs positions, c’est pourquoi ils ont accepté de s’associer avec le gouvernement. C’est comme si on retournait au gouvernement les 40% qui avaient été donnés dans la douleur. »

La dernière grève des chauffeurs pour désapprouver le gouvernement et leurs leaders syndicaux semble inspirer Mohamed Bangoura : «Nous aussi allons appeler l’ensemble des travailleurs guinéens à une désobéissance civile, pour leur montrer que nous ne sommes pas d’accord».

Au SLECG, Aboubacar  Soumah et certains membres du bureau approuvent la mesure. Mais ce prélèvement suscite assez de polémiques au sein de la base. Ils se posent assez de questions, au point que le SLECG a du mal à sortir du silence. Un proche d’Aboubacar Soumah déclare que « la structure a une réunion technique ce mercredi, pour harmoniser les positions, c’est après cette rencontre que nous comptons communiquer ».

En attendant, les protestations continuent dans d’autres structures syndicales.

Yacine Diallo