Le feuilleton El Hadj Abdourahmane Diallo dit El Hadj Doura Bindi n’a pas fini de livrer tous ses secrets au tribunal de première instance de Dixinn. A l’audience de ce lundi 12 octobre, Sao Ndanema, sierra-léonais, a fait sa déposition.

Ce commerçant en ligne réfute les accusations «d’association de malfaiteurs, d’enlèvement, de séquestration, de complicité, de recel, d’abstention délictueuse, de blanchiment de capitaux », portées contre sa personne. Selon lui, il est en prison à cause de sa relation avec Ibrahima Diallo alias Ibro, un des cerveaux présumés de l’enlèvement de l’opérateur économique : «J’ai connu Ibrahima dans le cadre de mes activités. Je vends des véhicules, il a été l’intermédiaire entre des clients et moi. Un jour, lui et moi sommes allés vendre un véhicule à un officier de l’armée. Au retour, vers la CNSS, quelqu’un a cogné le véhicule dans lequel nous étions, je pensais que c’était des bandits qui cherchaient à prendre mon argent. Ibro est allé les voir, il a discuté avec eux en poular. J’ai eu peur, après un moment, je suis descendu, parti expédier l’argent aux États-Unis. Ce jour, il m’a dit que celui qui a cogné notre véhicule est un grand kidnappeur. Je lui ai dit d’alerter la police. Il m’a répondu que les policiers ne pourront pas l’arrêter. Sur l’affaire El Hadj Doura, je revenais de la Sierra-Léone, quand El Kaba m’a dit de ne pas mettre pied en Guinée, que Mohamed Dady (un autre accusé), a été arrêté et a cité mon nom. Je lui ai demandé qui est El Hadj Doura ? Il m’a dit, ce sont eux qui l’ont enlevé. Mais comme je ne me reprochais de rien, je suis revenu. Dès que je suis arrivé à  Conakry, il m’a dit de quitter la maison, parce que la gendarmerie va venir m’arrêter. J’ai refusé, je les ai attendus, ils sont venus m’arrêter. Je ne suis au courant de rien dans cette affaire. Je suis innocent.»

Le procureur de lui questionner : pourquoi il n’a pas dénoncé Ibro et El Kaba devant les services de police et de gendarmerie ? «Quand j’ai dit à son petit frère qu’Ibro se promenait avec des kidnappeurs, il s’est fâché et m’a dit qu’il blaguait. Je suis allé alerter un de ses amis gendarme qui est au ministère de la Jeunesse. Ce dernier m’a dit d’arrêter de diffamer son ami. Il dit que ce dernier est riche et qu’il ne ferait pas ça».

Aujourd’hui, Sao Ndanema se pose même des questions sur la proximité de ses amis Ibro et El Kaba avec des hommes en tenue très bien placés au temps de l’ancien régime: «Ibro m’a dit qu’El Kaba est un agent secret, il travaillerait à la Présidence. J’ai trouvé que c’est vrai, parce qu’il avait, depuis la Sierra-Léone, toutes les informations sur l’enquête et à la minute. Il avait quelqu’un à la gendarmerie qui lui filait toutes les informations. Et Ibro était tellement puissant que toutes ses connaissances sont des hauts gradés de la police, de l’armée, de la gendarmerie. Il entre et sort dans les locaux des services de défense et de sécurité comme il veut, il n’est jamais inquiété.»

Au moment où nous écrivions ces lignes, 13h 30 minutes, l’audience se poursuivait avec l’interrogatoire de Naby Moussa Camara.

Yacine Diallo