Le Colonel Mamadi Doum-bouillant a encore actionné son balai et allongé la liste des retraités. Cette fois-ci, le corps paramilitaire conservateur de la nature a été nettoyé. A travers un décret rendu du 23 novembre, 427 agents conservateurs de la nature ont été appelés à faire valoir leur droit à la retraite. « Quoi de plus normal. Après tant d’années à conserver la nature, il est temps de penser à sa propre conservation. L’Etat n’a plus les moyens de conserver des momies. Ce n’est pas un musée », se marre un certain Kharé Man sur Facebook.

En temps normal, le secteur de l’environnement prépare, coordonne et met en œuvre les actions de protection, de surveillance, de recherche, d’animation et de gestion d’une réserve naturelle. Le conservateur coordonne et encadre les actions de la réserve, que ce soit en matière de surveillance de la nature, de gestion du patrimoine naturel, de recherche scientifique, d’accueil des publics, de sensibilisation et d’animation. C’est le cadre responsable de la réserve. Il assure la gestion financière et administrative du site et encadre le personnel.

Malgré son rôle important, le secteur de conservation de la nature fait partie des secteurs en souffrance en Guinée. En 2019, l’Etat s’était engagé à réaliser une série de concours de recrutement au compte de la Santé, de l’Education et de l’Environnement. Seul celui de l’Environnement avait eu lieu pour 1 500 agents. Mais, les résultats n’ont pas été publiés, jusque-là. Faut-il espérer que les nouvelles autorités vont les dépoussiérer et les publier.

Début 2021 déjà, certains agents grognaient. Ils se plaignaient du traitement qu’ils subissaient. Engagés depuis 2013, d’aucuns eux n’avaient pas, selon eux, une situation claire. Malgré l’engagement de l’ancien Prési Alpha Grimpeur qui avait fait d’eux « des gendarmes de la nature ». « De 2013 à 2021, on n’a pas de situation. Le professeur Alpha Condé a eu confiance à ce corps, c’est grâce à lui que nous sommes devenus militaires de la nature. Le président aime ce corps, mais il a confié la tâche à des personnes qui ne veulent pas nous voir et qui s’enrichissent sur nos dos. Ils s’en foutent de nous. Aujourd’hui, nous protestons contre le non avancement en grade de notre corps. Ça fait 8 ans, la gendarmerie, la police et l’armée ont eu des avancements en grade, sauf nous. Pourquoi ? Nous ne sommes pas de la sécurité ou encore des guinéens ? On n’a pas de ravitaillement », dénonçait un agent lors d’une manif à la Direction nationale des Eaux et Forêts.

Outre le non-avancement en grade, ces agents dénonçaient aussi la décision du ministre d’alors de l’Environnement de transférer leurs attributions à la gendarmerie environnementale. Une décision qui avait du mal à passer.

Th Hassane Diallo