La grande vadrouille d’immersion du PM Béant et de ses ouailles s’est achevée la semaine dernière, dans l’émoi, voire la tristesse par la faute de chauffards étourdis qui n’ont certainement jamais emprunté le chemin d’une auto-école. La route a happé une trentaine de nos compatriotes. Bêtement, cruellement.

Il y a environ un mois, PM, ministres, ministresses et ministrons ont entamé une immersion dans la masse des citoyens et la nasse des promesses, dans la broussaille qui remplace dorénavant la verdoyante forêt tropicale du sud, puis ont déboulé dans les vastes plaines fluviales de l’est  avant de s’essouffler sur les pentes escarpées du Foutah, parcourir les bowés et enfin dégringoler dans la mangrove. Ouf ! La balade a dû par moments rappeler une pénitence. Heureusement que l’immersion n’a point provoqué de noyade. Les multiples lacs (Mosalac, Cosalac, etc.) de la première transition ont tari depuis longtemps.

L’initiative a consisté à tenir des conseils inter ministériels et ministériels (sans le Colonel-Président qui a boudé la randonnée) dans les chefs-lieux des régions naturelles mais aussi des causeries au coin du feu avec les administrations déconcentrée et  décentralisée, le secteur privé, les sages et le populo. Dans les régions, les ministres sont allés par monts et par vaux papoter dans les préfectures avec la masse. On sait que notre bon petit peuple n’est jamais avare de demandes sociales surtout lorsque vous allez sur son terroir titiller ses papilles. Vous en aurez pour vos comptes. L’occasion fait toujours le larron. Les ministres ont donc été invités qui à accroître et à améliorer routes et pistes rurales, qui à rendre plus performantes structures scolaires et sanitaires, qui à soutenir plus efficacement le développent rural, etc.   

Les administrations déconcentrées n’ont pas tu leurs contifilis pour une fois qu’elles ont eu le privilège d’être collés serrés avec les chefs. «Le bureau est vétuste, le mobilier bringuebalant, les fournitures de bureau inexistantes, etc. Tout va à vau-l’eau», ont balbutié inspecteurs régionaux et directeurs préfectoraux.

Les demandes et les attentes ont été à la hauteur de la qualité des visiteurs qui ne pouvaient pas ne pas trouver des réponses pertinentes, voire impertinentes aux préoccupations de leurs hôtes. Et voilà le déluge des promesses qui crève le ciel. Comme exactement à la belle époque du Grimpeur et des grimpereaux. Les routes seront bientôt refaites, recouvertes de bitume, les ouvrages de franchissement reconstruits. Des infrastructures scolaires et sanitaires de qualité, neuves ou rénovées seront bientôt offertes par les nouveaux maîtres du pays à ceux qui en réclament, çà et là. On s’est engagé à booster la production agricole, pastorale et halieutique par la fourniture d’intrants et la mise à disposition de ressources (financières et humaines) adéquates. On va cogiter sur le sauvetage de quelques usines de l’ère de la révolution. Dans l’euphorie des retrouvailles, nos grosses légumes ne se sont plus souvenues qu’elles sont des ministres transitionnels dont la mission consiste à ramener le pays à l’ordre constitutionnel, dans un délai raisonnablement bref.

Abraham Kayoko Doré