La CRIEF attendait, une nouvelle fois, Cellou Dalein Diallo le 15 juillet dernier. Le président de l’UFDG n’a pas répondu à la convocation. Il poursuit sa tournée à l’international. En Guinée, ses soutiens se mobilisent et tentent de démontrer que l’homme politique est victime d’une « cabale politico-judiciaire. »

Entre la Cour de répression des infractions économiques et financières et Cellou Dalein Diallo, c’est la guerre. La première poursuit le second, entre autres, pour « enrichissement illicite, corruption d’agents publics…», dans la vente de la compagnie nationale Air Guinée en 2002. Les enquêteurs de la CRIEF cherchent à connaitre le degré d’implication du patron de l’UFDG, à l’époque ministre des Transports. Cellou Dalein qui vit désormais à l’étranger ne donne pas suite aux convocations de la Cour, du moins pour le moment. Ses proches et les responsables de son  parti se disent convaincus que le CNRD veut à tout prix l’exclure de la prochaine présidentielle. En conférence de presse ce 19 juillet à la Maison de la presse, Aliou Condé, ancien Secrétaire général du ministère des Transports, aujourd’hui, Secrétaire général de l’UFDG et Maitre Amadou Diallo, conseiller juridique du président de l’UFDG, ont tenté de détricoter un par un les arguments utilisés par la CRIEF. A commencer par la version selon laquelle Cellou Dalein Diallo est celui qui a commandité la cession des actifs de la compagnie : « La décision de privatiser la compagnie avait été prise en Conseil des ministres sous la pression du FMI et de la Banque mondiale… Aucune offre d’achat d’actions ou de reprise de la nouvelle Air Guinée n’avait été enregistrée. La décision de dissoudre la compagnie et de vendre ses actifs à El Hadja Mamadou Sylla a été prise par le Président de la République d’alors, le général Lansana Conté, qui a pris un décret à cet effet… Il est incompréhensible qu’on veuille attribuer à Cellou Dalein, ministre des Transports de l’époque, la décision de privatiser Air Guinée et de vendre ses actifs », déclare Aliou Condé. Il rappelle que Cellou Dalein Diallo n’a eu aucun rôle majeur, que les choses se sont déroulées sous la houlette du « ministère de l’Economie et des Finances  et de l’unité de privatisation. Aucun membre du ministère des Transports, de la direction de l’aviation civile ou du cabinet du ministre, n’a participé à la liquidation de la compagnie… Tous les paiements effectués par El Hadj Mamadou Sylla à l’étranger et en Guinée ont été effectués pour le compte du Trésor public guinéen, conformément à la convention de cession des actifs de Air Guinée ».

Le Secrétaire général de l’UFDG se dit étonné que la CRIEF continue à « affirmer que c’est le ministre des Transports qui a encaissé et même et détourné les cinq millions de dollars américains représentant la valeur des actifs cédés ».

De la droite vers la gauche, Me Amadou Diallo et Aliou Condé, le Secrétaire général de l’UFDG

La procédure judiciaire contre le président de l’UFDG et les autres a été ouverte sur la base d’un rapport d’audit réalisé en 2009. Sauf que Cellou Dalein n’a jamais été entendu par les auditeurs. Pour Aliou Condé, la junte cherche à le salir : « Pourquoi la CRIEF l’accuse alors qu’aucun cadre de son ministère n’a été associé ni à la liquidation de la compagnie ni à la fixation des prix des actifs vendus ni aux négociations avec l’acteur, encore moins à l’encaissement ou l’utilisation du produit de la vente… Cette accusation n’est que le fait de la CRIEF, qui donne ainsi l’impression qu’elle est créée pour disqualifier des leaders politiques gênants ».

Pour ce qui est du chef d’inculpation de corruption d’agents publics de l’unité de privatisation, Aliou Condé est formel : il ne peut y avoir aucune complicité entre « El Hadj Mamadou Sylla et Cellou Dalein Diallo vu que ce dernier était opposé à la vente de l’avion. Dans la négociation, ni lui ni ses services n’ont été impliqués ».

Le SG de l’UFDF réitère que le CNRD tente, à travers cette procédure, de se débarrasser d’un poids lourd de la scène politique guinéenne : « Il n’y a aucun motif d’interpeller Cellou Dalein Diallo dans cette affaire, sauf celui non avoué de l’exclure de la prochaine présidentielle en tentant de salir, par tous les moyens, son casier judiciaire ». Il prévient : « Il vient défendre son  honneur lorsqu’il y a un dossier qui est vrai. Si nous avons un dossier correct, pourquoi ne viendra-t-il pas ? Dites-vous une chose, Cellou Dalein sera candidat à l’élection présidentielle. Donc, il rentrera forcément en République de Guinée. Soyez sereins ».

Bien des Guinéens se demandent si la CRIEF ne va pas passer à la vitesse supérieure, en émettant un mandat de comparution ou carrément un mandat d’arrêt international contre Cellou Dalein Diallo. Pour Me Amadou Diallo, rien n’en est : « C’est une cabale politico-judiciaire… Sur la deuxième convocation, la CRIEF n’a même pas respecté les délais. A partir de là, nous considérons qu’il n’y a pas de convocation. Donc, il n’y a pas à se demander si Cellou Dalein va revenir ou pas. Pour nous, il n’y a pas de convocation ». Ce dossier est loin de connaitre son épilogue.

Yacine Diallo