Depuis le mardi 8 août, le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) n’existe plus aux yeux des autorités guinéennes. Dans un arrêté, le ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation, Mory Condé, a annoncé ce jour que « Le groupement de fait dit Front national de la défense de la Constitution est dissous ».

Une décision qui a suscité beaucoup de réactions et d’indignations chez les acteurs politiques et ceux de la société civile. Via sa page Facebook, le Président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) Cellou Dalein Diallo, dénonce « un coup dur porté à la liberté, la justice, la démocratie et la paix, valeurs auxquelles notre peuple demeure viscéralement attaché. Il l’a d’ailleurs montré à plusieurs reprises en répondant massivement aux mots d’ordre du FNDC qui s’est illustré dans le combat héroïque que mènent les Guinéens depuis si longtemps pour les reconquérir. »

Le président de l’Alliance nationale pour l’alternance démocratique (ANAD), solidaire envers le FNDC et « à ses braves dirigeants », a condamné ce qu’il qualifie « d’acte arbitraire des autorités qui continuent à privilégier la force au détriment du Droit ». Pour lui, « Cette décision incompréhensible ne manquera pas, malheureusement, d’accroître les tensions qui règnent en Guinée et d’éloigner les chances d’un retour au calme et à la sérénité indispensables à l’ouverture d’un dialogue fécond, à la restauration de la confiance et de la paix dans notre pays».

Velléité de confiscation du pouvoir

Pour sa part, le président de l’Union des forces républicaines (UFR), Sidya Touré, qui s’est aussi exprimé par le canal des réseaux sociaux, trouve que « La dissolution du FNDC est symptomatique d’une junte devenue périlleuse pour la paix sociale ». Dans le même Tweet, Sidya estime que « l’acharnement du CNRD contre les valeurs de liberté et de démocratie incarnées par le FNDC révèle une volonté de confiscation du pouvoir qui ne résistera pas à la légitimité ».

Malgré les vives réactions et le soutien de la communauté nationale et internationale, les membres du FNDC quant à eux, se sont abstenus de toute réaction concernant cette « dissolution ». Abdoulaye Oumou Sow, chargé de communication du mouvement, s’est contenter de déclarer à l’AFP : « Nous ne commentons pas cet arrêté du ministre, nous ne nous sentons pas concernés ».

En attendant, le FNDC poursuit ses activités. Il a lancé un nouvel appel à manifester le 17 août sur toute l’étendue du territoire guinéen pour dénoncer « une gestion unilatérale de la transition » par la junte et prôner un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Pour la même cause, une manif est prévue également le 14 août à Bruxelles.

Abdoulaye BAH