Le 8 août, en prélude à la Journée africaine de l’état civil (le 10 août), le ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation, a abordé défis et réformes engagées par l’Etat dans le secteur. C’était à la faveur d’une conférence de presse à Conakry, en présence des partenaires techniques et financiers.

Au nombre des réformes, l’érection de la Direction nationale de l’état civil en Office national de l’état civil et de l’identification des personnes physiques, la mise en place d’une commission de rédaction de l’avant-projet de textes législatif et réglementaire de l’état civil. Aussi, la formulation du recensement administratif à vocation état civil, la création du comité de pilotage de la modernisation de l’état civil et de l’identification des personnes physiques. Justement, on a présenté les avancées du «Projet pilote d’amélioration du système d’état civil guinéen par l’effet catalyseur de la digitalisation». Il appuie l’Etat pour une modernisation et simplification des procédures relatives à l’état civil, en vue de favoriser l’accès aux droits des populations. Les bénéficiaires auront une identité légale reconnue qui leur permettra de sortir de «l’informel et de l’invisibilité», d’accéder aux droits civiques, aux services sociaux et économiques. Le projet, arrivé à son terme, permettra aussi à l’Etat de mieux planifier les politiques publiques, de monitorer leurs  effets à court, moyen et long terme. 

«La digitalisation de l’Etat civil implique une sécurisation des actes d’état civil (actuellement mal conservés) et la réduction de la durée des demandes d’extrait et de réduire la fraude», relève un dossier de presse.

Le Projet est financé par l’Union européenne, mis en œuvre par l’Agence belge de développement, Enabel, afin de renforcer le cadre institutionnel et opérationnel du système d’état civil et prendre en compte les modifications liées à la digitalisation. Alignée sur la stratégie nationale de réforme et de modernisation de l’état civil, l’intervention vise à utiliser le levier digital comme vecteur d’amélioration des pratiques des services producteurs d’état civil. Le projet couvre dix communes pilotes des régions de Conakry, Kindia et Mamou.

Djénabou Touré, la coordinatrice nationale de l’amélioration du système d’état civil, rappelle qu’enregistrer les actes civils est une obligation qui incombe à tous les citoyens. L’objectif visé, selon elle, est l’obtention d’une identité légale qui est l’acte de naissance. Egalement, se doter d’un acte de mariage, de divorce, de décès, une autorisation d’enterrement, entre autres. L’objectif est de mettre fin aux multiples données de base de l’Etat disséminées çà et là dans les communes.

Moustapha Kobélé Kéïta, le secrétaire général du ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation, souligne que l’identité légale d’un individu contribue à la bonne gouvernance et à la protection des droits de l’Homme, à la création d’une société inclusive. «L’enregistrement des faits d’état civil accroît la crédibilité entre le gouvernement et les gouvernés, sur les politiques publiques liées à la nation et fournir les services sociaux de base. Cependant, des milliers de personnes en Guinée vivent sans les droits, les protections que confère une identité légale et meurent sans avoir eu la moindre preuve de leur existence», regrette-il.

Zoé Allado Anka, la cheffe du Projet pilote de digitalisation de l’état civil guinéen, côté Enabel, rappelle que le projet a démarré depuis avril 2021, pour une durée d’exécution de deux ans. Selon elle, la  première phase consiste à numériser les anciens actes civils dans les régions de Conakry, Kindia et Mamou. «L’idée, c’est de créer une base de données centrale pour digitaliser tous les actes d’état civil guinéen, à l’image de la Belgique».

Yaya Doumbouya