Parmi les recommandations des assises nationales, dont le rapport a été présenté mercredi 24 août au palais Mohammed V, figure la réduction du nombre de partis politiques. Seul problème, il faut trouver des critères objectifs pour éliminer une formation politique. A moins que, comme il l’a fait avec le FNDC, le gouvernement de transition ne décide de déclarer la mort de certains partis. Et dans ce cas-là il est fort à parier que, une nouvelle fois, les petits partis en sortiront indemne. Parce qu’ils ne perturbent pas le sommeil du palais.

Si le CNRD n’a pas un agenda caché, ce n’est pas par un décret qu’il va réduire le nombre de partis politiques. C’est à travers des élections transparentes et crédibles. En exigeant le parrainage de partis et l’obtention d’un pourcentage relativement représentatif en termes de voix obtenues. Si la réduction du nombre de partis est basée sur la représentativité et la popularité des partis, ceux qui ne parviendront pas à tirer leur épingle du jeu ne s’en prendront qu’à eux-mêmes.

Il faut dire que le nombre de partis politiques a toujours suscité des grincements de dents. Peu avant la déclaration de la Baule, par laquelle le président François Mitterrand conditionna l’aide française à l’instauration du multipartisme en Afrique francophone, le président Lansana Conté avait pris les devants. L’officier s’était engagé volontairement à instaurer le multipartisme limité à deux partis politiques. Dans un pays confronté à une agitation politique post-révolution, la décision suscita une levée de boucliers. Les opposants au régime militaire réclament à cor et à cri un multipartisme intégral.

Celui que les médis d’Etat qualifieront plus tard de « père de la démocratie » céda. Les partis politiques voient le jour. Et de manière anarchique. Comme aujourd’hui encore, les partis sont pléthoriques mais il y a quelques-uns qui dominent la scène politique. Grâce notamment à la carrure et la stature de leur fondateur. Les opposants au régime du PDG deviennent des opposants au PUP. Quatre hommes sortent du lot : Bâ Mamadou, Siradiou Diallo, Jean-Marie Doré et un certain Alpha Condé.

Quand ce dernier accède au pouvoir en 2010, la pléthore de partis apporte de l’eau à son moulin. Lors des dialogues politiques, les partis dits « télé-centre » jouent les trouble-fête. Leur rôle est de torpiller les grands partis qui donnent du grain à moudre au RPG. Parfois moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes. Après la mort de Siradiou et Bâ Mamadou, l’Ufdg dirigée par Cellou Dalein et l’Ufr, sous la férule de Sidya occupent l’espace de l’opposition.

La méfiance voire la défiance qui existent encore aujourd’hui entre la junte militaire et les partis politiques ayant obtenu le plus grand score lors des dernières consultations électorales semblent indiquer que le CNRD adopte les mêmes méthodes aujourd’hui que le RPG hier. Le duo UFDG et UFR est la bête noire du nouveau pouvoir. Lequel s’est trouvé des soi-disant leaders politiques dont le seul programme de société demeure l’élimination des grands partis. Ou plutôt la mise à l’écart des leaders de ces partis.

Or, la vie ou la mort d’un parti politique, l’élimination ou le maintien d’un homme à la tête d’une formation politique ne doivent relever que du peuple souverain de Guinée. Il ne revient pas à une autorité encore moins à un homme, en mal de popularité et de programme de société, de décider de la vie ou de la mort d’un parti politique ou l’élimination d’un homme politique.

Habib Yembering Diallo