Le 3 novembre, le procès des présumés bourreaux de M’Mah Sylla a repris au tribunal de première instance de Mafanco. Les trois accusés présents ont plaidé non coupables.

Patrick et Daniel Lamah, Sebory Cissé et Célestin Millimono (en fuite), sont inculpés pour «viol, avortement, risque causé à autrui et administration de substance nuisible» sur M’Mah Sylla. Une couturière endormie et violée, selon elle, dans une clinique à Cosa par Patrice Lamah, médecin généraliste. En août 2021, n’ayant pas constaté ses menstrues, M’Mah Sylla retourne à cette clinique pour se plaindre. Patrice Lamah tente un avortement. En vain ! Il fait appel à Célestin Millimono. Ce dernier aussi abuse d’elle, échoue à la faire avorter. Ils décident alors de l’opérer. La première intervention chirurgicale pratiquée par un certain Daniel Lamah sera non concluante. Par l’entremise de Célestin Millimono, ils la transfèrent dans une autre clinique à Tombolia. Là, M’Mah Sylla subira pas moins de quatre interventions chirurgicales, avant d’être déposée en catimini au CHU Ignace Deen, suivi de son évacuation à Tunis où elle est morte début novembre 2021.

A la barre le 3 novembre, les trois accusés ont rejeté les charges articulées contre eux : « Je connaissais M’Mah Sylla depuis 2017, je suis dans le même quartier avec sa famille. Elle est devenue ma petite amie en 2020, mais quelques mois plus tard, j’ai constaté qu’elle suivait d’autres garçons, j’ai rompu. En août 2021, elle est allée dans notre clinique pour une consultation, elle avait un retard de mensurations. J’ai constaté qu’elle avait une grossesse d’un peu plus d’un mois. Elle voulait pratiquer un avortement, je l’ai déconseillé parce que ça dépassait ma compétence. Elle a insisté, je n’ai pas voulu. Elle est allée voir docteur Célestin Millimono. Il a fait l’avortement en mon absence».

«M’Mah Sylla, avant de mourir, a dit que vous avez abusé d’elle sans son consentement», déclare le juge Souleymane 1 Traoré. «Cela ne s’est jamais produit. On a eu des relations intimes pendant 8 mois, avec son consentement, mais on a rompu», rétorque Patrice Lamah  «Elle estime que vous êtes l’auteur de sa grossesse, que vous l’aviez endormie pour coucher avec elle parce qu’elle refusait vos avances», révèle l’avocat de la partie civile, maître Halimatou Camara. « Je n’ai jamais fait ça», dit l’accusé/

Patrice Lamah charge ses coaccusés

Après l’échec de la première intervention chirurgicale, Patrice Lamah jure avoir tout fait pour que la victime soit évacuée dans une structure sanitaire appropriée. Il accuse Célestin Millimono d’être celui qui s’est opposé : «Il m’a dit qu’il connaît un spécialiste en la matière. C’est ainsi que M’Mah Sylla s’est retrouvée dans les mains de Sebory Cissé à Dabompa». Patrice a également avoué s’être rendu compte que Sebory Cissé n’était en réalité pas à la hauteur : «Il a fait les interventions chirurgicales, mais il n’a pas réussi. Elle se plaignait toujours de douleurs atroces. La plaie était devenue sale, les excréments sortaient par la plaie. Un jour, un de ses assistants m’a dit que Sebory Cissé n’était pas un chirurgien. Entre temps, il y a eu mésentente entre docteur Cissé et le père de M’Mah Sylla, il leur a remis un papier dans lequel était écrit ‘’Patient à transférer à Ignace Deen’’».

Pourtant, Sebory Cissé, avant de toucher M’Mah Sylla, avait fait signer un engagement de « responsabilité médicale et pénale» à Célestin Millimono et Patrice Lamah qui affirme qu’il a signé «sous pression de Célestin Millimono et de Sebory Cissé. Mais je voulais surtout sauver la vie de M’Mah Sylla». Patrice Lamah s’était également engagé à payer 8 millions de francs guinéens à Sebory Cissé et 5 millions de francs guinéens aux médecins d’Ignace Deen : « J’ai dépensé au moins 30 millions de francs guinéens dans cette affaire», assure-t-il, à la barre.

L’affaire est renvoyée au 8 novembre, pour la suite des débats.

Yacine Diallo