Mercredi 2 novembre, dans un décret, le président de la transition, Mamadi Doumbouya a procédé à une modification des horaires de travail. Désormais en Guinée, le travail commence à 8 heures et s’achève à 18 heures, avec deux heures de pause de 12h à 14 h, soit 10 heures de travail par jour. Apparemment, selon les syndicalistes, cette décision du Chef de la junte a été prise sans aucune forme de concertation avec les différents syndicats des travailleurs.

Réunis ce lundi 7 novembre à la Bourse de travail au centre-ville de Kaloum, le MSG (Mouvement Syndical guinéen) a exprimé son indignation face à cette décision « unilatérale ». Dans sa déclaration lue par Kader Aziz Camara, premier vice-président du Mouvement, le MSG rapporte que c’est avec un sentiment de profonde frustration que les travailleurs et travailleuses de Guinée ont appris avec les médias d’Etat le contenu du décret 2/2022/0527/PRG/CNDD/SGG instituant les nouveaux horaires de travail en République de Guinée.

Le MSG s’offusque du fait que cette décision ne tient pas compte des réserves et recommandations  exprimées lors de la rencontre du 13 juin 2022 au ministère du Travail et de la Fonction publique : «C’est une violence manifeste des principes du dialogue social, qui recommande une large concertation des partenaires sociaux sur les questions traitant des conditions de travail et de vie des travailleurs. Il porte un sérieux revers aux acquis par les travailleurs Guinéens tout au long de l’évolution de notre pays. » Puisque ce n’est pas le cas, il dénonce « une quasi-inexistence de moyens de transport collectif, la concentration de la majeure partie des services de l’Administration dans la commune de Kaloum qui n’a que deux accès caractérisés par des interminables bouchons ». Il déplore également «le manque de service traiteur sur les lieux de travail, l’arrêt de l’unique train (Conakry-Express) qui assure la desserte de la banlieue et des environs du Grand-Conakry, l’insécurité noctambule dans les quartiers de Conakry, la dégradation poussée des voiries urbaines, l’absence des logements sociaux pour répondre aux besoins des agents de l’État, la politique des bas salaires et la croissance du panier de la ménagère, l’absence d’une protection sociale, la violation des accords tripartites et l’inexistence d’une vie de famille pour les travailleurs».

Face à cette situation, après plusieurs interpellations pour le respect des accords tripartites, le Mouvement Syndical guinéen « condamne, rejette énergétiquement toute pratique de violation des principes sacrés du dialogue social ». Espérant se faire entendre au plus haut niveau, il invite le président du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD, à «rapporter ledit décret afin de permettre l’ouverture des consultations préalables avec les partenaires sociaux».

Pour le MSG, cette preuve de sagesse du Président de la transition permettra de poser les bases d’un diagnostic exhaustif des besoins des travailleurs. Aussi, elle permettra d’accomplir convenablement, efficacement leur quotidien, offrira l’avantage de renforcer les bases du dialogue social. Par ailleurs, le MSG réitère sa détermination à préserver ses acquis sociaux obtenus au prix de son sang. Il invite ses membres à la vigilance et à l’unité pour lutter ensemble contre toute manœuvre ou mesure administrative pouvant les fragiliser sur les lieux de travail.

Abdoulaye Pellel Bah