Telle une tumeur qui consume un corps, la francophobie, qui s’est emparée du peuple malien, est en train de traverser les frontières. Particulièrement vers le Burkina Faso où les nouvelles autorités tentaient jusqu’ici de limiter les dégâts. Notamment après l’attaque qui a visé la mission diplomatique française. Peu à peu l’hostilité contre la France qui règne au Mali fait boule de neige.
Chaque jour qui passe, le pays de Thomas Sankara emboite le pas à son voisin. En interdisant à la première station de radio francophone d’émettre sur son territoire, la junte burkinabé donne raison à celle du Mali. Le Burkina aussi sombre dans la paranoïa. Voyant la France comme un bouc émissaire tout trouvé. RFI est accusée entre autres d’apologie du terrorisme ou encore de diffusion de fausses nouvelles.
Ce n’est pas la première fois que Radio France internationale fait l’objet de sanctions ou d’interdiction sur le continent noir. Pour plusieurs raisons, les petits dictateurs confondent cette station au gouvernement français. Pour ces dirigeants peut être trop éclairés, RFI est au gouvernement français ce que les radios nationales sont à leur gouvernement. Or, même si RFI fait partie de l’audiovisuel public français, elle n’est pas le porte-parole du gouvernement de Paris.
Régulièrement des dirigeants africains, notamment francophones, protestent auprès de leur homologue français contre ce qu’ils qualifient de campagne de désinformation orchestrée contre eux par les médias français en général et RFI en particulier. Ils ont du mal à s’accommoder de la liberté de presse. D’où les expulsions récurrentes de journalistes comme ce fut le cas récemment encore de la correspondante de RFI, Sonia Rolley renvoyée Manu militari de Kinshasa.
Il faut voir dans la décision de la nouvelle junte du Burkina, dirigée par Ibrahim Traoré, un aveu d’impuissance. Comme au Mali voisin, il faut trouver un bouc émissaire pour justifier les revers injustifiables de l’armée burkinabé, peu apte à mettre les terroristes hors d’état de nuire. Plus ces revers vont se multiplier, plus la junte fera monter les enchères en tentant de trouver le responsable. Et pour emballer la population, celui-ci sera la France et ses médias comme RFI ou France 24. Parce que ces médias informent sans complaisance.
Si la France n’est pas exempte de tout reproche, ceux qui l’accusent d’être de connivence avec les terroristes devraient en apporter les preuves. C’est trop facile d’accuser. Mais ce n’est pas toujours facile d’apporter les preuves de ses accusations. Il est fort à parier que si les autorités de Bamako détenaient des preuves de l’implication de la France dans la crise malienne, même Toto sait qu’elles les auraient étalées sur la place publique.
En s’acharnant contre RFI, les nouvelles autorités burkinabés se tirent une balle dans le pied. Cette frilosité pourrait bien cacher l’incapacité de protéger la population. Les médias font et feront leur travail. Aux politiques d’en faire le leur.
Habib Yembering Diallo