En plénière le samedi 17 décembre, les conseillers nationaux du CNT, Conseil national pour la transition, avaient examiné et approuvé le volet recettes de la Loi de finances initiales 2023. Place à l’examen des projets de Loi à présenter par les départements ministériels. Le lundi 19 décembre, trois ministères ont présenté leur politique et budget sectoriels pour examen, afin de démontrer aux conseillers (législateurs) du CNT, la pertinence et la nécessité de financement de leurs programmes inscrits dans la LFI 2023. C’est cette présentation de projet des ministres devant l’institution parlementaire qui permettra d’aboutir à l’adoption du volet dépenses et du rapport final de la Loi de finances initiales 2023.

A l’ordre du jour, les ministères de l’Administration du territoire et de la décentralisation, de l’Énergie, de l’Hydraulique et des Hydrocarbures et des Mines et de la Géologie. Ils ont passé à tour de rôle.

Le ministre de l’Administration du terrioire Mory Condé a attiré l’attention sur les attributs et les préoccupations majeures de son département. Il explique que « quant au projet de Loi de Finances 2023, il est arrêté en dépenses à la somme de mille six cent soixante-sept milliards deux cent quarante-sept millions mille francs guinéens (1 667 247 001 000 GNF), contre mille cent seize milliards cinq cent cinquante-trois millions deux cent vingt-neuf mille francs guinéens (1 116 553 229 000 GNF) à la LFR 2022, avec une augmentation de cinq cent cinquante milliards six cent quatre-vingt-treize millions sept cent soixante-douze mille francs guinéens (550 693 772 000 GNF), soit un taux d’augmentation de 49,32% ».

Mory Condé explique ce montant servira, en général, aux défis majeurs de son ministère à savoir le renforcement de mobilités matériels de transports des administrateurs territoriaux, dont les gouverneurs, préfets, sous-préfets, secrétaires généraux des communes urbaines et rurales, l’évaluation des partis politiques, l’évaluation des ONG et Mouvements associatifs, la formation des agents, la gestion des frontières et l’exercice des libertés publiques, le renforcement de la décentralisation et du développement local, la modernisation de l’État civil, l’assainissement, la gestion des urgences et catastrophes humanitaires, le renforcement de la citoyenneté, la cohésion sociale, le dialogue, et l’habillement des administrateurs territoriaux. Le ministre souligne 90% de ces activités sont menées à Conakry et il sollicite la déconcentration budgétaire pour l’intérieur du pays. Il dit travailler sur des canevas, pour faciliter la régionalisation du budget.

La gestion des manifestations publiques

Mory Condé a essayé de préciser et de rassurer. «Nous avons été interpellé par plusieurs citoyens, sur l’utilisation des forces de défense et de sécurité dans le maintien d’ordre lors de manifestations. Je rappelle que la loi sur le maintien d’ordre en ses articles 28, 29 et 30 accorde la possibilité au ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation de faire recours à la force publique, lorsque la police et la gendarmerie ne sont pas en mesure d’assurer la sécurité des citoyens et de leurs biens.  À Conakry par exemple, nous avons une population de quatre millions d’habitants, et on n’a que 20 pick-ups qui sont opérationnels. Ce qui nous pousse à faire recours aux pick-ups de l’armée de l’air et de terre, pour assister la police et la gendarmerie ».

Une Guinée, autosuffisante en énergie

Le ministère l’Energie, de l’Hydraulique et des Hydrocarbures, Aly Saidouba Soumah, a présenté un budget réduit par rapport à celui exécuté en 2022. Selon lui, la desserte, depuis 2001, est le résultat du manque d’investissements majeurs dans le secteur de l’hydraulique urbaine. Ce qui a entraîné de nos jours un important déficit de la capacité de production par rapport à la demande en eau des populations. «A date, le taux d’accès global des populations urbaines en eau potable à travers les réseaux de la Société des Eaux de Guinée est d’environ 31% (dont 40% à Conakry et 26% dans les villes de l’intérieur) avec un service par intermittence ou par délestage ».

Bien que ce constat nous éloigne de l’objectif de 75,6% fixé pour le secteur dans les zones urbaines dans le PNDES (2016- 2020), « le projet de loi de finances initiales 2023 du Ministère de l’Energie, de l’Hydraulique et des Hydrocarbures se chiffre globalement à un montant de trois mille huit cent quatre-vingt-douze milliards neuf cent quatre-vingt-deux millions sept cent quatre-vingt- seize mille (3 892 982 796 000) francs guinéens, contre une dotation en LFR 2022 de quatre mille deux cent vingt-trois milliards neuf cent vingt un millions huit cent quatre-vingt-dix-huit mille sept cent (4 223 921 898 700) francs guinéens, GNF soit une diminution de trois cent trente milliards neuf cent trente-neuf millions cent deux mille sept cent (330 939 102 700) francs guinéens (8%) ». 

Relever le défi

Le ministre rappelle que la Guinée a besoin d’énormes investissements dans le secteur de l’Énergie et de l’Hydraulique pour relever le défi à Conakry et à l’intérieur. Il compte faire de la Guinée un pays indépendant et autosuffisant en énergie, hydraulique et gaz. «Malgré la diminution du budget du ministère de 8% par rapport à 2022, due au contexte économique mondial très difficile, le département s’engage à atteindre les objectifs qui lui sont assignés dont : construire des lignes de haute, moyenne et basse tensions à travers le pays, accélérer les réformes de l’EDG, pour réduire substantiellement la subvention de l’État, réduire de 80% et si possible éliminer l’utilisation des groupes thermiques prévue dans la fourniture de l’électricité, lancer le projet d’adduction d’eau du grand-Conakry et finaliser les adductions d’eau dans 25 Préfectures, promouvoir l’utilisation du gaz butane, construire des infrastructures gazières. »

La refondation du secteur des Mines et de la Géologie

Le ministre des Mines et de la Géologie, Moussa Magassouba, tout de go, s’est indigné de la corruption qui touche son département. Il explique que son budget, revu à la hausse, s’inscrit dans la politique de refondation de l’Etat promise par le gouvernement de transition. « Le ministère des Mines et de la Géologie a élaboré un projet de budget qui se chiffre à 112 760 790 000 GNF en 2023 par rapport à 86 734 681 000 GNF adopté lors de la LFR 2022. Je vous fais remarquer que ce projet de budget ne prend pas en compte le budget d’affectation spécial du Fonds d’investissement minier (FIM) », déclare le ministre.

Le ministre affirme que plus de 40% du PIB vient du secteur minier. Il note que les recettes minières de l’Etat au 31 décembre 2021, étaient de 3 309 milliards de GNF et les prévisions de la LFI 2022, de 3 720 milliards de GNF. «Cette nette amélioration du revenu minier de l’Etat est le résultat des réformes et des décisions courageuses que nous sommes en train de prendre au sein de notre département depuis l’arrivée de notre équipe. Pour maintenir cette dynamique, nous demandons votre soutien honorables conseillers».

Les perspectives du secteur minier

Moussa Magassouba déclare que ce projet de Budget bien qu’insuffisant, s’il est adopté, permettra à son ministère, en termes de perspective, de relever les principaux défis liés à l’accroissement des revenus miniers de l’État dans les secteurs suivants: la construction d’un laboratoire national de la Géologie, la réhabilitation des laboratoires de Géologie de Kankan pour l’analyse des métaux lourds, poursuivre l’assainissement progressif du cadastre minier, doter le pays d’une cartographie de prestige, améliorer l’artisanat en matière d’exploitation aurifère, la formation des agents qui se chargeront de contrôler les entreprises minières sur le terrain.

Abdoulaye Pellel Bah