Mamadou Billo Bah, le responsable des antennes et de la mobilisation du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) n’a pas été entendu le 23 janvier par la Direction centrale des investigations judiciaires de la gendarmerie nationale (DCIJ-GN) à Kaloum. Arrêté le 21 janvier à Tombolia (haute banlieue de Conakry), l’activiste aurait reçu «plusieurs coups de bottes» avant d’être référé à la DCIJ-GN. En lieu et place d’une audition, l’activiste a été examiné par son médecin et transféré à l’hôpital.

«Il est à Ignace-Deen pour des examens médicaux. Il a été interpellé, puis conduit à la gendarmerie de Tombolia avant d’être référé à la Direction centrale des investigations judiciaires de la gendarmerie nationale, où il a passé le weekend. Il m’a dit ce matin, qu’il ne peut pas se prêter à une procédure judiciaire. Il souffre atrocement. Il a reçu plusieurs coups de bottes sur le bas-ventre, sur les côtes. Il respire difficilement. Nous avons posé le problème et cela a été accepté. Le médecin a exigé que les examens soient poussés à l’hôpital, par les services spécialisés », explique Me Salifou Béavogui.

Le dossier atterrit au cabinet du juge d’instruction, qui seul, estime l’avocat, pouvait délivrer un mandat contre son client ou mettre une commission rogatoire à la gendarmerie ou à la police à l’effet d’exercer ses attributions. «Nous nous battons depuis des années pour le respect des règles et procédures. Vous ne verrez nulle part dans le Code de procédure pénale qu’il est permis à un officier de police judiciaire de donner des coups de bottes à un suspect ou mis en cause. On ne peut commettre une infraction, pour en découvrir une autre. Nulle part, il n’est indiqué qu’il faut brutaliser un citoyen afin de l’amener à coopérer dans une procédure judiciaire», dénonce-t-il.

En clair, Me Salifou Béavogui s’insurge contre les « coups de bottes » qu’aurait subis Mamadou Billo Bah, lors de son arrestation à Tombolia. «Un citoyen a été arrêté, son interpellation l’amène à l’hôpital, une enquête devait être ouverte immédiatement. Je demande l’ouverture d’une enquête. J’invite le ministre de la Justice et des droits de l’Homme, pour  qu’une enquête autour des conditions de l’arrestation de mon client soit ouverte contre les agents qui l’ont arrêté. Il a été arrêté par quelle équipe ? Dans quelles circonstances ? Il est évident qu’il a été violenté, brutalisé, avant d’être conduit devant les enquêteurs. La violence est une infraction à la loi pénale. On ne peut pas laisser passer cela. Malheureusement, chez nous, la justice s’apparente à une toile d’araignée.»

Oumar Sylla dit Fonikè Menguè et Ibrahima Diallo, respectivement coordinateur national et chargé des opérations du FNDC ont été interpellés en fin juillet 2022 et placés sous mandat de dépôt le 1er août 2022. Leur avocat, Me Salifou Béavogui, estime qu’il n’y a aucune visibilité autour du dossier. «On refuse de les juger, parce que le dossier est vide». L’avocat ajoute que Mamadou Billo Bah était activement recherché depuis près de six mois et qu’il devait être arrêté au même moment qu’Ibrahima Diallo et Foniké Mengué. «Depuis, il a vécu dans la terreur, dans la clandestinité et dans l’angoisse», regrette Me Salifou Béavogui.

L’ANAD dénonce et condamne

L’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie (ANAD), qui a soutenu Cellou Dalein Diallo, président de l’UFDG, s’est fendu d’une déclaration ce 23 janvier. Elle « condamne fermement cette tendance à la criminalisation du droit de réunion et d’association » qui confirmerait, selon l’ANAD, la « détermination de la junte guinéenne à faire taire tous ceux qui dénoncent ses dérives ou qui militent pour le retour diligent à l’ordre constitutionnel dans notre pays. » Lisez plutôt !

Yaya Doumbouya

Déclaration

C’est avec une profonde indignation que l’ANAD a appris le kidnapping, ce
samedi 21 janvier à Tombola, de Mamadou Billo BAH
, responsable de la
mobilisation et des antennes du FNDC.

L’ANAD dénonce vigoureusement cette autre manifestation de la folie liberticide
qui s’est emparée du CNRD ces derniers temps dont les acteurs politiques et de
la société civile continuent de faire les frais.

L’ANAD condamne fermement cette tendance à la criminalisation du droit de
réunion et d’association qui confirme, s’il était besoin, la détermination de la junte
guinéenne à faire taire tous ceux qui dénoncent ses dérives ou qui militent pour
le retour diligent à l’ordre constitutionnel dans notre pays.

L’ANAD rappelle que même dans un régime d’exception, il y a des droits et
libertés indérogeables qu’on ne saurait restreindre sans faire prendre des risques
majeurs pour la paix et la stabilité dans le pays. Il s’agit par exemple de la liberté
de manifester, de la liberté de réunion et d’association, du droit à un procès
équitable ou encore de la présomption d’innocence.

L’ANAD alerte l’opinion publique nationale et internationale sur les violations
récurrentes par la junte des droits et libertés des citoyens et des engagements
internationaux de la République de Guinée. À ce rythme ces actes liberticides ne
manqueront de mettre en danger la paix et la stabilité du pays.

L’ANAD invite ses militants et sympathisants ainsi que tous les guinéens épris
de justice à se mobiliser pour exiger l’arrêt des arrestations et détentions
arbitraires et la restauration des libertés fondamentales.

Conakry, le 23 janvier 2023

L’Alliance Nationale pour l’Alternance et la Démocratie