Le procès opposant l’État guinéen à Paul Moussa Diawara et Inza Bayo s’est poursuivi ce 21 mars, devant la Chambre des appels de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Kahin Magassouba, un des nombreux témoins dans cette affaire, a chargé les prévenus.

Il était prévu que Kahin Magassouba, Tézéri Zoumanigui, respectivement expert-comptable et inspecteur d’État ayant fourni les rapports qui incriminent les prévenus et le commissaire aux comptes, Mohamed Diaby et son suppléant Ousmane Savané, comparaissent à l’audience de ce mardi 21 mars. Seul le premier s’est présenté, les autres n’auraient pas été encore localisés.

Au début de cette affaire, quand Paul Moussa Diawara et son coaccusé, Inza Bayo, ont contesté le rapport de l’Inspection d’Etat qui les accable, un expert indépendant est commis à la tâche pour une contre-expertise. Il s’agit de Kahin Magassouba. Il farfouille dans la gestion de Paul Moussa Diawara entre 2015-2017, produit un rapport dont les conclusions sont pratiquement les mêmes que celles fournies par l’Inspection d’État. Il ressort de son rapport que près de 37 milliards de francs guinéens manquaient à l’appel. Selon Kahin Magassouba, sur 43 milliards de francs guinéens supposés être dépensés par l’Office Guinéen de la Publicité (OGP), seuls 17 milliards ont été approuvés pendant sa contre-expertise : « Près de 25 milliards ont été rejetés, faute de documents comptables et de pièces justificatives ». Kahin Magassouba explique avoir décelé 3 milliards de francs guinéens sans documents comptables, la surfacturation de 3 milliards dans les paiements d’un huissier de justice. Selon lui, les prévenus n’auraient également pas pu justifier 3 autres milliards qu’ils attribuaient à des ristournes. Tout comme Paul Moussa Diawara et Inza Bayo n’auraient versé dans les comptes de l’OGP que 600 millions de francs guinéens sur 14 milliards de recettes. Paul et Inza n’auraient également pas pu présenter les pièces justificatives des 19 milliards qu’ils disent avoir dépensés dans la formation de leurs agents en Guinée et à l’étranger.

« Kahin n’a fait aucun effort »

Comme en première instance, la défense estime que ni l’Inspection d’État ni Kahin Magassouba, en tant qu’expert indépendant, n’ont le droit d’auditer leurs clients. Elle accuse Kahin Magassouba de vouloir enfoncer les prévenus pour faire plaisir à Ibrahima Kalil Kaba, ancien directeur de cabinet de la Présidence de la République : « Vous n’aviez même pas un ordre de mission », clame la défense à Kahin Magassouba. Le témoin rétorque qu’il était muni d’une « lettre de mission, document administratif qui sied dans ce cas de figure ». L’avocat conteste et demande à la Cour de rejeter le rapport produit par le témoin, sous prétexte qu’il aurait agi sans ordre de mission.

Le témoin, à l’entame de son interrogatoire, a indiqué avoir fait son travail, en impliquant la direction de l’OGP. Il révèle avoir eu des réunions avec Paul Moussa et Cie. Faux, rétorque ce dernier : « On l’a vu débarquer à l’OGP sous la bénédiction de la Présidence de la République. Il n’a fait aucun effort, il a juste repris les conclusions du rapport de l’Inspection d’État. Il dit que nous n’avons pas fourni de pièces justificatives, mais il savait que l’Inspection avait déjà bloqué toutes les pièces ».

L’affaire est renvoyée au 4 avril prochain, pour les plaidoiries et réquisitions.

Yacine Diallo