Amadou Oury Bah, président du comité d’organisation de la manifestation du 28 septembre 2009 a comparu pour la deuxième fois à la barre du tribunal criminel de Dixinn délocalisé à Kaloum. Ce 21 mars, il a fait face aux avocats de Moussa Dadis Camara qui ont tenté de déconstruire ses déclarations, selon lesquelles, ce sont les velléités de candidature du président du CNDD qui ont occasionné la manifestation du 28 septembre.
Bah Oury a indiqué qu’après le massacre, Dadis Camara n’a rien fait pour sanctionner les auteurs. En tout cas, pas suffisamment. Il a affirmé qu’il n’a rien contre le chef de la junte d’alors, mais comme il occupait la fonction présidentielle, il va de soi qu’il assume. Pendant plus deux heures, Maître Jean-Baptiste Jocamey Haba a tenté de démontrer que son client Dadis ne pouvait pas être responsable du massacre. D’abord, il a soutenu que dès le début, des manifestants ont érigé des barrages, se sont attaqués à un commissariat pour s’emparer d’armes. Bah Oury a répliqué formellement qu’aucun barrage n’a été érigé à Conakry ce jour-là. Il concède un incident au commissariat de Bellevue, mais il « ne pense pas qu’un civil pouvait prendre une arme, se diriger vers le stade où se trouvaient des militaires formés, ce serait un suicide ». Il soutient que la consigne était claire : une manifestation pacifique.
Maître Haba de rétorquer que le président Dadis Camara avait immédiatement pris des mesures pour situer les responsabilités. Notamment la mise en place d’une commission d’enquête nationale, une commission d’enquête internationale, la mise en place d’un comité de crise, donner les moyens pour la prise en charge des blessés, etc. Même que les conclusions du rapport d’enquête nationale ne sont pas conformes à la réalité. L’avocat de demander : Savez-vous que le président a mis en place immédiatement une commission d’enquête nationale ? « Ce n’est pas cela qui compte, c’est la finalité. Le fait de dire dans le rapport que c’est Tiégboro qui a sauvé tous les leaders, cela n’est pas la réalité ».
Maître Pépé Koulémou, autre avocat de la défense, revient à la charge pour ne poser quasiment les mêmes questions que son précédent confrère. En voulant rendre les Forces vives responsables du massacre. La réponse de Bah Oury est sans équivoque : « Les Forces vives nationales ont été victimes d’un complot qui a conduit au massacre de paisibles citoyens. Nous avons organisé une manifestation, pendant ce temps, d’autres se cachaient pour organiser le massacre (…) »
L’avocat conclu que les politiques doivent « faire en sorte de respecter l’autorité de l’État ». Bah Oury de répliquer, sèchement : « L’autorité de l’État est assujettie à la souveraineté du peuple. »
Ibn Adama