Dans son rapport annuel sur la situation des droits de l’Homme dans le monde, le Bureau de la démocratie, des droits de l’Homme et du travail du département d’Etat américain n’a pas ménagé la Guinée. Il pointe des violations graves et répétées des droits de l’Homme dans le bled, notamment en 2022.
Les Etats-Unis d’Amérique accusent les autorités de la transition de s’être rendues coupables, l’année dernière, d’exécutions illégales ou arbitraires (pendant les manifestations contre la junte), de tortures, de traitements cruels et dégradants. Le rapport fait également cas de conditions de détentions « dures et potentiellement mortelles ». Il pointe le manque d’indépendance de la justice, entre autres. Ce rapport fait grincer des dents dans les hautes sphères du pays. Au ministère de la Fustige, on le conteste. Alphonse Charles Wright, Garde des Sceaux, estime que ce rapport n’est en rien accablant pour la Guinée : « Le rapport qui a été produit par les Etats-Unis, à travers son département d’Etat, est mis au conditionnel. Ce qui veut dire qu’il n’y a aucune certitude de vérité qui est dite là-dedans».
Le ministre de la Justice met en avant ce qu’il aurait accompli comme progrès en matière de droits de l’Homme depuis son arrivée : « Beaucoup d’efforts ont été fournis par rapport à la promotion des droits de l’homme dans notre pays. Si vous regardez les examens périodiques, pour nous, ce n’est pas ce rapport qu’il faut soumettre ». A l’entendre, La Guinée ne doit être évaluée que par le « Conseil des droits de l’Homme de l’ONU. Nous attendons que l’évaluation de la Guinée, qui doit être faite sur la base des informations actualisées, qui tiennent compte de l’évolution de la promotion des droits de l’Homme dans notre pays, puisse être la source à travers laquelle on peut apprécier le niveau d’avancement de la Guinée en matière de droit de l’Homme ». Charles Wrong estime que le Département d’Etat a basé ses éléments sur des informations antérieures « non-actualisées, mises au conditionnel, tirées des rapports qui ne tiennent pas compte de la réalité du terrain. C’est un rapport qui obéit à un processus classique. Cela n’a rien n’à avoir avec la réalité. Ce ne sont pas les Etats-Unis qui épinglent la Guinée. Les Etats-Unis ont rendu un rapport sur la base des rapports qu’eux-mêmes ont reçu d’autres structures ». Il proteste aussi contre le fait que le mystère guinéen de la Justice n’ait pas été entendu avant la publication du rapport : « Nous n’avons pas eu notre mot à dire, le rapport doit être contradictoire ».
Yacine Diallo