Suite à la journée de presse du mardi 23 mai, les journaleux et commissaires de la Haute autorité de la communication (HAC) ont eu un tête-à-tête le 24 mai. Mais l’échange n’a nullement amené les associations professionnelles de presse et le syndicat de la presse à renoncer à leur série de protestation contre les violations de la liberté de la presse, orchestrée par la junte, en violation des lois et règlements en la matière, y compris la Charte de la Transition.

Dans sa globalité, la presse guinéenne a observé une journée sans presse mardi 23 mai et projette une manif de protestation le 1er juin, sur toute l’étendue du trottoir national. Elle a déclaré Ousmane Gawa Diallo, à la fois ministre des Postes et Télécoms et porte-voix du gouvernement, l’ennemi de la presse, qui, le 18 mai, a menacé de fermer les médias, pour des manquements à l’éthique et à la déontologie.

Pour dissiper les ardeurs et mesurer l’ire de la presse, la HAC a convié les organisations professionnelles et le syndicat de la presse pour une causerie. Il paraît qu’elle en a eu pour son compte. Selon plusieurs participants, les journaleux ont dénoncé le laxisme de la HAC, son silence sur les atteintes répétées à la liberté de la presse et d’expression par les grosses pontes du CNRD, son manque de solidarité. Excusez du peu !

Au finish, les journaleux ont maintenu leur protestation contre les autorités de la transition, même si la veille, ces dernières « ont réitéré leur attachement à la liberté d’expression » et à celle de la presse, assurant que la « presse n’était pas en danger ». La presse exige, entre autres, la réinstallation des émetteurs de Sabari FM et de Love FM, l’arrêt de brouillage des ondes de FIM FM, le respect de la loi.

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Le prési de la HAC, Bouba Yacine, a promis aux journaleux de porter leurs griefs aux autorités de la Transition. « J’ai pris langue avec les autorités pour savoir ce qui s’est passé sur les antennes de Sabari », indique-il. Les journaleux lui reprochent de ne pas agir dès qu’un droit des journaleux est violé. « Il faut avoir tous les contours d’un fait, avant de réagir. Nous ne pouvons agir que si notre conviction est fondée sur la vérité. Un journaliste qui a commis une faute, la qualité, c’est de le corriger. Il y a beaucoup de journalistes qui ont été sanctionnés, mais nous négocions afin que les gens retirent leur plainte », explique-t-il. Et de garantir que son institution fera son travail conformément à la loi. « Nous allons porter les préoccupations de la presse aux autorités de la Transition. Nous faisons le mieux que nous pouvons, afin que des solutions soient trouvées ». Il invite les journaleux à faire de l’auto-régulation, afin d’amoindrir les interventions de la HAC dans des couacs et que pour « ceux qui pensent qu’on ne protège pas la presse, ils se trompent ».

Ibrahima Sory Traoré, porte-voix des journaleux : « La HAC nous a rassurés. Elle a écouté les autorités hier, aujourd’hui, elle nous a aussi écoutés et elle rendra compte aux autorités de ce qu’on s’est dit. Nous avons suggéré à la HAC de faire une certaine investigation, pour voir ce qui s’est passé sur le terrain. Nous allons faire une marche, nous allons faire des synergies, afin que les restrictions soient levées et que les émetteurs de Sabari FM et de Love Fm soient restitués et que l’on arrête de brouiller les ondes des radios ».

A sa prise du pouvoir, le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) s’est montré défenseur de la presse. La junte a doté les médias d’un siège national (un duplex dans le quartier Minière) et des sièges régionaux. Le CNRD a aussi gratifié beaucoup de journaleux en les nommant à des postes de responsabilité.

Mais ces derniers temps, le CNRD s’est métamorphosé, s’adonne ouvertement au musellement de la presse qu’elle a jadis choyée.

Yaya Doumbouya