L’appel à la « marche pacifique » le 10 et le 11 mai des Forces vives de Guinée (FVG) exigeant de la junte le retour rapide à l’ordre constitutionnel a été suivi dès la veille. Les hostilités entre farces de désordre et manifestants ont commencé dans la soirée du 9 mai, en banlieue de Cona-cris, notamment sur l’axe Bambéto-Cosa, sur l’autoroute Leprince.
Aux environs de 22h, les accrochages ont éclaté dans le quartier Bomboly, sur les hauteurs de Koloma. Des manifestants ont barricadé la route, déversé des ordures sur la chaussée et s’en sont pris aux riverains. Soudain, les agents farces de désordre ont débarqué à bord de pick-up. Echanges de cailloux contre gaz lacrymogène. De 23h à 1h, l’on entendait des manifestants crier sur la voie. Des cris mêlés aux détonations de bombes lacrymogènes, troublant le sommeil de plus d’un riverain. « Une balle est tombée sur le toit d’une maison, sans faire de dommage », indique un habitant du quartier Cirage.
Au petit matin du 10 mai entre 6h et 7h, un calme précaire régnait dans les environs, avec peu de gens dans la rue. La circulation reprend, timidement. Les élèves sont sur le chemin de l’école. Mais, à 7 h 30, les échauffourées ont tout chamboulé à Bomboly, Cirage, Nassouroulaye 1 et 2. Un pick-up de flics malmenés par des jeunes à Bomboly a abandonné sa position, rapidement reprise par les jeunes en colère, armés de gourdins et de cailloux.
Ce qui a quasiment coupé la circulation. Tout le monde a fui à l’arrivée de nombreux flics et pandores, à bord de teuf-teufs, roulant à tombeau ouvert. Ils intiment aux manifestants téméraires de se barrer, de rentrer chez eux, mais ils ont fini par en découdre avec les manifestants.
Boutiques et magasins ouverts au petit matin ont rapidement baissé les rideaux. Kiosques et ateliers de tout genre, itou. Même les pharmacies du coin, sont portes closes.
A 11 h, les jeunes manifestants ont barricadé une ruelle menant dans le quartier Bomboly à l’aide des troncs d’arbres, pour empêcher les Forces de désordre de les poursuivre dans le quartier. « On n’a même pas peur, même en face de char de combat », tonne un manifestant. Les manifestants y régnaient en maître, avant le retour en trombe des farces de l’ordre à 11h 30mn.
Des manifestants tirant sur on ne sait quel type de cigarettes, proféraient des grossièretés aux agents de maintien d’ordre. Dès que ces derniers dégagent les barricades et bougent pour rétablir la circulation, d’autres groupes de manifestants répliquent rétablissent les barricades.
Jusqu’à midi passé, l’atmosphère était sous haute tension.
Yaya Doumbouya