Mercredi 17 mai, la série de manifs projetée par les Forces vives de Guinée concernait le Grand-Conakry. Les Forces ivres exigent du CNRD de Mamadi Doum-bouillant, le retour rapide à l’ordre constitutionnel, l’arrêt des poursuites judiciaires « fantaisistes » contre les leaders politiques et ceux de la société civile. Apparemment la stratégie du ministre de l’Administration du trottoir et de la décentralisation, Mory Con()dé qui a réquisitionné l’Armée, a fonctionné.
Sur la route Leprince, au niveau de la Transversale n°6, un seul pick-up de la Gendarmerie assure la sécurité. La circulation reste très fluide. Jusqu’aux environs de 11 heures, c’est le calme sur l’Axe Leprince, où un dispositif sécuritaire important est déployé. Le passage par là, dit-on, du général Balla Samoura, Haut commandant de la Gendarmerie nationale, a irrité certains, pour quelques secondes seulement.
Le quartier Wannidara, une zone célèbre à cause de ses manifs, est resté plutôt calme. Un Conseil de dernière minute des sages des quartiers aurait dissuadé les jeunes à descendre dans les rues. La mobilisation des flics, pandores, bidasses est remarquable entre les ronds-points de la T5 et Enco 5.
Itou, au carrefour du rond-point Cosa, où un important dispositif sécuritaire est déployé, et boutiques et magasins en bordure de route fermés. Les citoyens vaquent à leurs occupations, des étalagistes se sont installés, jusqu’à ce que les « manifestants décident de mettre un terme à la trêve ».
La situation a d’ailleurs rapidement tourné au vinaigre au niveau des rails, à Cosa. La route est rapidement barricadée avec des pneus usés et les poubelles sont déversées sur la chaussée. Les Farces de dépense et de sécu-raté interviennent à coup de gaz lacrymogène contre des jets de pierres. Une quinzaine de minutes, la situation est sous contrôle. La circulation reprend, les forces de sécurité procèdent à des arrestations.
Au rond-point du quartier Tannerie, sur l’autoroute Fidel Casse-Trop où était censée partir la manif, seul un pick-up assure la garde.
Leprince militarisé
Du rond-point Cosa à celui de Bambeto, en passant par les quartiers Nassouroulaye 1 et 2, Cirage, Bomboly et Koloma, des pick-ups de la gendarmerie et de la police sont postés à chaque coin de rue qui donne à l’intérieur des quartiers. Des pick-up de l’armée ont sillonné la zone, plus teufteufs des pandores et de la flicaille sont stationnés sous le pont du quartier Koloma où les activités économiques du marché étaient encore au ralenti, vers midi. Seuls quelques étalagistes se sont hasardés à s’installer. Les Forces de sécurité patrouillent, sans arrêt.
Le rond-point Bambeto, pourtant très réputé lors des manifs, ne présente aucun signe de désordre.
Les « pro-démocratie » ont été dissuadés par la mobilisation sans précédent de l’armée « des dictateurs » qui ont interdit toutes formes de manifestations sur toute l’étendue du territoire national. L’essencerie de Bambeto est envahi par les agents des forces de dépense et de sécu-raté, comme si le bled se prépare à aller en guerre. Des agents armés jusqu’aux dents, à bord des pick-ups flambant-neufs et à bord de camions blindés, semblent prêts à dégainer.
Sourde oreille de l’axe Taouyah–Foula-Madina
À l’image des précédentes manifs, cet axe a fait la sourde oreille à l’appel des Forces vives. De Taouyah à Foula-Madina, en passant par les quartiers Kipé, Nongo, Lambanyi, Kobayah, pas le moindre signe de manifestation, aucune barricade, pas non plus l’ombre d’un quelconque agent de maintien d’ordre. Les activités vont bon train : magasins, boutiques, restaurants, stations-services, banques, sont tous ouverts. Mais bien loin des embouteillages habituels qui caractérisent cette route.
Abdoulaye Pellel Bah