Chez elle, la Côte d’Ivoire lance la Coupe d’Afrique des Nations avec un match face à la Guinée-Bissau. Au pays des Éléphants, la victoire finale est vue comme un impératif ou presque…

À peine la porte de l’avion ouverte qu’on est directement mis dans le bain. Des affiches aux couleurs de la Côte d’Ivoire, des pubs placardées sur tous les murs de l’aéroport Félix Houphouët-Boigny avec en vedette Sébastien Haller, pas de doute, le pays accueille bien la prochaine Coupe d’Afrique des Nations. Ce doux parfum de CAN, accompagné d’une chaleur humide à Abidjan, se prolonge à la sortie où la mascotte «Akwaba» (bienvenue en langue locale Akan), un éléphant (symbole de la sélection), est présente à chaque coin de rue.

Les drapeaux des 24 sélections qualifiées pour la compétition continentale sont disposées le long des routes et il ne faut pas très longtemps pour parler football dans ce pays. «Vous êtes venus voir la Côte d’Ivoire gagner la CAN hein?», nous glisse un policier à la sortie de l’aéroport d’Abidjan. À domicile, les Éléphants sont effectivement de sérieux prétendants au sacre final. Il faut dire que l’effectif est assez impressionnant. Et les coéquipiers de Serge Aurier pourront surtout compter sur un peuple qui vit au rythme du football.

Dans les cafés, les taxis et les restaurants, les émissions sur la CAN de l’hospitalité (comme elle est appelée par les Ivoiriens) se comptent par dizaines. Le public a une immense attente après une période noire du football ivoirien depuis la CAN gagnée en 2015 par les hommes d’Hervé Renard. Les Éléphants, peu performants en CAN ensuite, avaient aussi manqué les deux dernières éditions de la Coupe du Monde. «Ils m’ont trop déçu depuis. À un moment, je me disais ce n’est que du football, ça ne sert plus rien de prendre cette équipe au sérieux. Ils ne jouent que pour eux, pas pour le pays», confie Baraka, chauffeur et responsable d’un club de boxe dans la ville. Pour autant, il sera évidemment présent lors du match d’ouverture ce samedi soir face à la Guinée-Bissau pour soutenir son équipe. «C’est comme une go quoi (une fille dans l’argo ivoirien), elle te déçoit, mais tu vas toujours la voir quand elle t’appelles (rires).»

Des attentes et une pression à gérer

Cette pression, le sélectionneur Jean-Louis Gasset l’a ressent de plus en plus. Et à quelques heures du match, en conférence de presse, l’ancien adjoint de Laurent Blanc a abordé cet aspect qui pourrait être décisif. «Je découvre un niveau de pression supérieur, celui de tout un peuple. Ce tournoi est le challenge le plus important de ma vie. J’ai envie de réaliser le rêve d’un peuple. Le problème, c’est comment nous allons gérer cette pression, car à certains moments, ce sera décisif. La pression, il y en a toujours et il faut pouvoir résister. Il faut transformer cette pression en du positif». Ces derniers temps justement, la Côte d’Ivoire a réussi à lancer une nouvelle dynamique. Depuis quelques matches, les coéquipiers de Séko Fofana performent et impressionnent par leur sérénité et leur maîtrise, ce qui n’était pas gagné il y a un an seulement. De quoi donner des motifs d’espoir aux Ivoiriens qui veulent des certitudes pour la première rencontre de la compétition.

Si on a peur, on perd, c’est ce qu’on dit toujours. Ce samedi, je ne veux pas qu’on tape la Guinée-Bissau 5-0. C’est juste la victoire le plus important. Je veux nous voir être décisif et appliqué dans les derniers gestes. Si on est sérieux, ça peut lancer une dynamique grâce au premier match surtout qu’on débute toujours mal nous, ajoute Ousmane, supporter ivoirien.

Pour bien débuter cette CAN, la Côte d’Ivoire pourra compter sur un effectif très fourni, surtout offensivement même si l’absence de Wilfried Zaha a beaucoup fait parler. «C’est une star mais on l’a trop défendu, il aurait pu apporter mais ce n’est pas le seul. Et ce n’est pas un seul joueur qui va tout changer devant. Notre sélectionneur a l’air d’être un stratège. Comme disait un ancien, dans le foot, on te sélectionne pour tes qualités, alors montre les et n’essaye surtout pas de faire des choses que tu ne sais pas faire», termine Baraka. Le message est passé. La Côte d’Ivoire, qui devra se défaire de plusieurs grosses nations, doit aller au bout de sa CAN. Et le peuple ne demande qu’à s’enjailler avec une troisième étoile…

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