Ces temps-ci, les Guinéens ont renoué avec les délestages, en particulier dans les communes de la haute banlieue de Conakry. Il n’y a plus de lumière en ces endroits, tous les jours de 7h 00h à 18h 30. A ce long délestage diurne, s’ajoute parfois celui de la nuit. Et bonsoir les moustiques et la malaria ! Pan sur le bec de ceux qui s’égosillaient et bombaient la poitrine, partout à longueur de journée, fiers d’avoir bâti deux barrages en deux mandats (10 ans). Souvenez-vous de l’histoire de la montagne qui accouche d’une souris !

La chienlit de l’électricité en Guinée est aussi vieille que la République elle-même. En partant sur la pointe des pieds de la Guinée, en 1958, après la brouille entre Sékou Touré et le Général Charles de Gaulle, le méchant colon français nous avait légué le petit barrage des Grandes chutes et la culture de l’usage des Centrales thermiques et des générateurs. La révolution y a ajouté Kinkon en Moyenne Guinée et Tinkisso, en Haute-Guinée. La Guinée-Forestière qui n’a rien obtenu, est demeurée dans les ténèbres, habituée à la pénombre des sous-bois.

Cahin-caha, ces maigres sources d’énergie ont éclairé le pays durant un temps. Sans investissement conséquent dans le secteur, on en est resté là. La bricole a fait le reste ! On n’a pas levé les yeux pour constater que la dynamique démographique ne s’est jamais arrêtée et la population s’accroît rapidement, très rapidement même. L’absence de données statistiques fiables et de planification urbaine entraînent la rupture entre fourniture de services sociaux de base et la croissance démographique. Alors que l’espace humanisé croît de façon exponentielle, la production des biens collectifs, notamment l’adduction d’eau et le réseau électrique marque le pas. On ne tarde pas à atteindre le point de rupture à partir duquel la satisfaction des besoins des populations devient un vain exercice sans investissements lourds. L’insatisfaction des ménages, des établissements humains et des industries en courant électrique n’est pas une contrainte conjoncturelle. Loin s’en faut ! Elle est structurelle et requiert conséquemment une solution holistique.

Il faut dire que la solution privilégiée jusqu’ici a été la construction des barrages hydroélectriques et l’installation de centrales thermiques. Ainsi, les premières années de l’indépendance, le gouvernement avait décidé de poursuivre le projet colonial d’édification de barrages sur le fleuve Konkouré. Pour donner corps à ce projet, Sékou Touré avait même créé un ministère du Konkouré. Malgré l’existence de ce ministère, aucun barrage ne fit construit. Il faudra attendre des décennies, bien après la disparition de Sékou Touré et de sa révolution, pour que le premier barrage, Garafiri voit le jour, sous la gouvernance du Général Lansana Conté. Puis, lorsqu’Alpha Condé s’installe à Sékhoutouréya, il entreprend et achève les travaux de Kaléta et lance la construction de Souapiti. Durant ces travaux, face à l’urgence, il loue les prestations d’une centrale flottante turque qui pallie le déficit de la production des sources énergétiques hydrauliques et thermiques.

Il ressort de ce diagnostic lapidaire, que les solutions hydrauliques ont été épuisées sans résoudre ce qu’il faut bien considérer comme la quadrature du cercle solaire qui a englouti pourtant sous l’ère du « Professeur », des millions de dollar. N’est-il pas temps désormais d’explorer la voie de l’éolien et du solaire, ces énergies nouvelles dont les spécialistes flattent tous les mérites. Le vent est abondant et le soleil brille abondamment. Il suffit de les domestiquer pour en tirer profit. « Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni réussir pour préserver. » Peut-être que le soleil et le vent feront mieux que le Kounkouré, le Niandan et le Bafing.

Abraham Kayoko Doré