Le 4 mars, les négociations entre les délégués syndicaux et les émissaires de la junte n’ont pas eu lieu. Les autorités se sont défaussées auprès du futur ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation. Au grand dam des syndicalistes.

Le mot d’ordre de grève générale et illimitée a été levé le 28 février dernier, à la suite d’une réduction de peine, en appel, (de six mois dont trois mois avec sursis, à un mois et six jours de prison) au profit de Sékou Jamal Pendessa, secrétaire général du Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG). Il était condamné, pour, entre autres, ‘’provocation direct à un attroupement non armé’’, à la suite d’un appel à manifester contre le musellement de la presse privée et la restriction de l’internet.

Sa libération était le préalable à l’ouverture des négociations, boudées par le mouvement syndical, le 12 février au CNDS, facilitateur. Désormais Sékou Jamal Pendessa, libre, le mouvement syndical s’apprête à négocier, entre autres, la fin du musellement de la presse privée, la baisse de prix des produits de première nécessité, l’application intégrale des protocoles d’accord dans l’éducation. Or, les syndicalistes souhaitent que les négociations soient dirigées par le CNDS, mais d’ores et déjà, la junte a commis la tâche au ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation. Sans consulter le mouvement syndical, accuse-ton.  

Amadou Diallo, coordinateur du mouvement syndical : « Ce n’est pas une négociation qu’on a eu à faire, ce sont des concertations. Nous avons déjà relevé un manquement : le président du CNDS nous a adressé une correspondance afin que nous soyons là aujourd’hui, parallèlement, nous avons reçu un courrier du secrétaire général du ministère de la Fonction publique pour la même cause. Alors, le mouvement syndical a décidé de venir au CNDS, pour dire que c’est bien avec le président du CNDS que nous allons reprendre les négociations.»

Le coordinateur du mouvement syndical annonce avoir signifié au Premier ministre, Amadou Oury Bah, que « nous souhaiterions que ce soit le CNDS qui poursuit la conduite des négociations avec nous. Mais, je me suis concerté avec le président du CNDS (Alya Camara) qui me fait savoir que désormais c’est au ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation que nous allons poursuivre les négociations, comme par le passé, où nous avions signé le protocole d’accord tripartite. » Reste à savoir qui dirigera les négociations et quand s’ouvriront-elles.  

HAC

Dans un courrier, la Haute autorité de la communication (HAC) « encourage le mouvement syndical, le gouvernement et les associations de presse à la poursuite du dialogue » en vue d’une solution consensuelle à la crise. Elle rappelle que le mémorandum de sortie de crise des associations de la presse adressé au gouvernement et à la HAC « a reçu un accueil favorable des plus hautes autorités guinéennes. » Et d’attirer l’attention du Premier ministre sur « la nécessité d’ouvrir, dans les meilleurs délais, le cadre de concertation sollicité par les professionnels des médias en vue de l’atteinte des résultats qui satisferaient toutes les parties. » Elle invite les associations de presse et le SPPG à privilégier l’apaisement afin de donner « beaucoup plus de chance » au processus de dialogue. Pour l’heure, on continue à malmener la liberté de la presse.

Yaya Doumbouya