Dès l’entame du procès des tragiques évènements du 28 septembre 2009, au stade éponyme, le capitaine Dadis, avec l’appui de ses conseils, s’est résolument inscrit dans la logique du complot contre sa personne et son régime. Il n’a pas tardé à identifier et à accuser les supposés conspirateurs ainsi que les motivations. Nous voilà de retour à l’époque des vrais faux complots et des faux vrais complots. Qui dit que l’habitude n’est pas seconde nature ? Peut –être que l’expression est galvaudée, mais elle tombe dans des oreilles qui n’y sont pas certainement insensibles et qui, plus est, ont coutume d’en évaluer les désastres sociaux. Les avocats de l’ex président du CNDD vont construire leur défense autour de cette de thèse, à toutes les étapes du procès.
Lors de sa récente plaidoirie, Maître Jocamey Jean Baptiste Haba alias Jocamey a puisé dans cette veine. Le corps du délit ? Le Capitaine Moussa Dadis Camara, au lendemain du coup d’état de décembre 2008, avait laissé croire aux Guinéens, particulièrement au landerneau politique, qu’il ne s’éterniserait pas aux affaires. Mais, au gré des évènements et ses humeurs poussées par des pseudo conseillers, grisé par le pouvoir, il donne des signes d’appétence du pouvoir. Mal lui en prend ! Comme il n’y va pas de plein gré, on le fera partir. Comme il parle d’ôter le treillis pour candidater à l’élection qui clôt la transition on l’ôtera du pouvoir. Ainsi germe dans la tête des conspirateurs l’idée de complot : selon Dadis, ses partisans et ses conseils l’aura, la verve et les nouvelles relations internationales du Capitaine en font, à n’en pas douter, un candidat redoutable face aux vieux chevaux de retour, au crépuscule de l’âge et de la carrière politique. L’étoile de l’enfant de Koulé est décidément bonne, à ces temps. Lui manque l’expérience politique, le vice des politiciens ? Il faut alors bien l’observer pour déceler la faille, la brèche par où opérer. L’environnement ambiant est plutôt favorable. Les rapports entre les forces vives et la junte qui gouverne sont tendus, exécrables. Les Forces sociales et politiques concoctent un projet de manifestations publiques qu’elles désirent impressionnantes. Quasi au même moment, le président du CNDD prépare un meeting à Labé. Quelle aubaine donc pour d’éventuels conspirateurs pour pousser l’adversaire à la faute ? Le stratagème va consister à transformer le meeting des forces vives en une gigantesque tragédie, disqualifiant et couvrant d’opprobre Moussa Dadis Camara et ses proches qui seraient alors éloignés du champ des probables candidats à la présidence de la République, à la fin de la période transitoire. Ce qui ferait l’affaire de certains politiciens bien rusés. Voilà le décor planté. Dadis subodore les protagonistes de la félonie, les pointe même du doigt et identifie leurs responsabilités respectives. Les accusations du Capitaine Moussa Dadis Camara ne faisant pas partie des délits et crimes jugés par le Cour criminelle de Dixinn localisée à Kaloum, on n’a pas encore eu le loisir de rencontrer dans les couloirs quelques grosses huiles qu’il voue aux gémonies.
Le Capitaine et ses conseils ont-ils raison ou tort de parler de complot ? On ne le saura pas à l’issue de ce procès, ce sujet est passé à l’as.
Abraham Doré