Bamako a annoncé hier, dimanche 4 août 2024, rompre ses relations diplomatiques avec Kiev. Et pour cause, rappelle Wakat Séra : « L’ambassadeur ukrainien au Sénégal [Yoni Pyvovarov] aurait partagé une vidéo de soutien » aux frappes menées par les rebelles touaregs du Cadre stratégique permanent (CSP) contre l’armée malienne et ses supplétifs russes, à Tinzawatène, il y a quelques jours, qui auraient fait plusieurs dizaines de morts au sein des FAMa (Forces armées maliennes) et des mercenaires russes. Pour Aujourd’hui au Faso, les choses sont claires : « si [cette publication] n’est pas un aveu de caution aux terroristes, ça y ressemble ! ». Le Faso va même encore plus loin et estime que ce haut responsable a « ouvertement avoué et justifié cette implication ». En réalité, rien d’explicite, encore moins d’officiel, mais Jeune Afrique concède que « certains cadres du CSP reconnaissent désormais que des échanges ont bien lieu avec des officiels ukrainiens ».

Quoi qu’il en soit, la prise de parole de Yoni Pyvovarov est « malencontreuse, inopportune, et jurant avec tous les codes diplomatiques », grimace Aujourd’hui, qui s’interroge : « Mais quelle mouche (…) a donc piqué le diplomate ukrainien ? ». Car l’ambassadeur a fâché non seulement le Mali, mais aussi les autorités burkinabè qui ont adressé « une condamnation sans ambages » ainsi qu’une « piqûre de rappel à ne pas ‘se tromper de combat’ ».

Prise de position mal vue aussi au Sénégal

La presse sénégalaise garde le silence sur ce sujet ce matin mais… les autorités de Dakar ont convoqué l’ambassadeur pour, croit savoir Aujourd’hui au Faso, « lui signifier de ne pas transposer la guerre Russie-Ukraine au Sénégal ». Et, ajoute MaliJet, Dakar a « fermement condamné [la] publication ». Bref, soupire encore Aujourd’hui au Faso, il aura suffi de quelques mots pour provoquer une véritable « bronca sous-régionale ».

Wakat Séra renchérit : si le diplomate « est dans son rôle de porter les intérêts de son pays », il semble avoir oublié « que son hôte sénégalais défend une position de ‘neutralité constructive’ dans le conflit russo-ukrainien ». Dakar a, rappelons-le, refusé de signer une résolution onusienne condamnant la Russie, en 2022. Au lieu de donner un coup de pouce à sa diplomatie, l’ambassadeur risque donc bien d’avoir « tiré une balle » dans le pied de Volodymyr Zelensky au moment où son pays a pourtant « plus que jamais besoin de soutien dans cette guerre ».

Au-delà des ricochets diplomatiques de cette affaire, l’épisode est un triste rappel, conclut Wakat Séra, que « la guerre entre la Russie et l’Ukraine se joue également en terre africaine ». Reste à savoir, attend le journal, « quelles seront les prochaines déflagrations de ce conflit sur le continent noir ».

Les journaux enthousiasmés par les Jeux olympiques

Et les titres algériens ont particulièrement le cœur à la fête ce matin du 5 aout 2024 ! Il faut dire que la gymnaste Kaylia Nemour a offert à Alger sa première médaille d’or hier, après une prestation très remarquée aux barres asymétriques… « C’est, s’extasie Tout sur l’Algériele premier sacre olympique pour le pays depuis (…) 2012 ». Kaylia Nemour est même, renchérit encore Le Matin d’Algérie, « la première gymnaste africaine à remporter l’or aux JO de gymnastique artistique, hommes et femmes confondus ».

À seulement 17 ans, la jeune femme aligne déjà un palmarès impressionnant : « championne d’Afrique, vice-championne du monde, huit fois médaillée d’or dans les circuits de la coupe du monde », elle a aussi « donné son nom à un geste qu’elle est la première et la seule à réaliser » égrène TSA. En résumé, s’amuse Le Matin d’Algérie, « une gymnaste en or ».

La France privée d’une chance de médaille

La gymnaste a démarré sa courte, mais déjà riche carrière, sous drapeau français. Mais après une opération des genoux, rappelle Jeune Afrique, la fédération française de gymnastique (FFG) « refuse que l’athlète reprenne la compétition », à rebours de « l’avis des médecins de la jeune athlète ». S’en est suivi « un bras de fer » avec les dirigeants de la FFG, à l’issue duquel la jeune fille a changé de nationalité sportive et s’est mise à concourir « sous les couleurs de l’Algérie, pays dont son père est originaire ». Et c’est ainsi que, se réjouit TSA, Kaylia Nemour « a fait retentir l’hymne national aux JO, de surcroit sur le sol français ». Et le journal de conclure, comme un pied de nez aux autorités sportives françaises : « L’Algérie a ouvert à la gymnaste les portes qu’on lui a fermées en France ».

Par RFI