Le samedi 24 août, une forte pluie s’est abattue sur Conakry, entraînant des inondations dans plusieurs quartiers. Le bilan provisoire fait état d’un mort, un disparu et de milliers de sinistrés.

Ce sont les premières inondations d’ampleur, cette saison, à Conakry. La pluie qui s’est abattue le 24 août a inondé de nombreuses habitations, ponts et rues, causant des victimes et des dégâts matériels importants. Le bilan de l’Agence nationale de la gestion des urgences et des catastrophes humanitaires (Anguch) est alarmant : un mort et autant de disparu ; 3 437 ménages touchés ; 17 185 personnes impactées ; 7 maisons complètement détruites ; 61 points d’eau, 8 motos et 14 véhicules endommagés…

Nonobstant les quartiers de Simbaya, Yembéya, Sangoyah, Kissosso, Enco 5, Nongo, Koloma, Kobaya, Lambanyi, la commune de Matoto a été la plus touchée, à Conakry. Les habitants des quartiers Base-Militaire, Sangoyah, Matoto-Marché, Matoto-Khabitaya, Matoto-Déviation, Kissosso-Basfond ont été particulièrement affectés, le 24 août. « Il y a eu un cas de décès à Enta-Marché, une personne portée disparue à Sangoyah », révèle la Direction communale de l’environnement et du développement durable de Matoto.

Dans les du lycée public Léopold Sédar Senghor, toujours à Matoto, le domicile de l’humoriste Sékouba Bangoura alias Kabakoudou, n’a pas été épargné. Sa fille, Mariame Bangoura, raconte : « Nous dormions lorsque nous avons été alertés par une voisine, l’eau était déjà dans la maison. Ma mère nous a brusquement réveillés. Ma petite sœur de six ans a failli être emportée par les courants d’eau. Heureusement, la voisine l’a interceptée. »

Abris de fortune

La famille Bangoura s’est réveillée en sursaut. « Après la prière, ma mère a laissé la principale porte entrouverte. C’est par là que les flots se sont introduits et ont envahi le salon, puis les chambres. Habits, ustensiles et autres biens ont été emportés par les eaux. Des dossiers, tels que des diplômes sont partis », dénombre Mariame Bangoura. Selon elle, les travaux de construction d’une route à côté auraient causé l’inondation. « Ils ont fermé un caniveau et relié deux autres, près de chez nous. Les eaux qui devaient être évacuées par deux caniveaux se retrouvent dans un seul. Ce qui a fait déborder les eaux vers notre concession », renchérit-elle.

Au groupe scolaire Sékou Yayo Bangoura, au quartier Matoto-centre, deux salles avaient été réquisitionnées, le 24 août, par l’Anguch, pour abriter provisoirement une trentaine de sinistrés, notamment des femmes et des enfants de moins de dix ans. Sur place, aux environs de 9 heures, le 26 août, pas l’ombre d’un sinistré. Les deux salles sont hermétiquement fermées. « Tout le monde est parti au travail, elles ne reviennent qu’en début de soirée », souligne un enseignant. Toutefois, des nouveaux matelas, des draps et des couvertures sont installés dans les deux salles. Des effets personnels, tels que des savons, dentifrices, sceaux… ainsi que de la nourriture (morceaux de pain) étaient visibles.

Les autorités expriment leur solidarité

Dans la commune de Dixinn, la Maison de la presse, située dans le quartier Minière, a été aussi inondée, des dégâts matériels enregistrés. Contacté le 26 août, l’assistant, Alpha Diallo, précise que la salle de conférence a été inondée, le staff à l’entrée et celui de deux autres salles sont tombés. « Le 26 août, Fana Soumah, le ministre de l’Information et de la communication, est venu constater les faits. Il a promis d’y faire face, selon les moyens du ministère », ajoute-t-il.

Le 24 août, le Premier ministre, Amadou Oury Bah, a exprimé la solidarité du gouvernement envers les sinistrés. Il a remercié, sur le réseau social X, les « services spécialisés et les nombreux volontaires qui ont porté assistance aux victimes ».

Les services communaux recommandent le curage des caniveaux, la sensibilisation de la population dans la gestion des déchets, l’implication des autorités locales et les comités de veilles environnementales. Daouda Condé, directeur communal de l’environnement et du développement durable de Matoto, croit que la plupart des inondations dans sa commune sont causées par l’urbanisation anarchique. « Des gens se permettent de construire sur des canaux d’évacuation. L’eau revient toujours à son passage naturel. À Matoto, tous les passages d’eau sont bouchés soit par la construction anarchique, soit par les ordures », explique-t-il.

Un autre cadre de la même direction glisse que « des agents ont remonté des informations liées aux zones critiques d’inondations au ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation. En vain. » Les mauvais aménagements, l’occupation des zones inondables, le faible entretien des caniveaux et des conduites d’eau, la mauvaise gestion des déchets sont les causes d’inondations recensées par la commune de Matoto.    

Yaya Doumbouya