Manifestement, le général Mamadi Doumbouya est confronté à la même situation que le capitaine Moussa Dadis Camara d’il y a 15 ans : le dilemme entre le respect des engagements et le piétinement des engagements.
Le groupe « Coalition citoyenne pour le développement de Labé » veut organiser un tournoi de football doté de la Coupe du général Mamadi Doumbouya. L’objectif, selon les organisateurs, est de promouvoir le développement de la région en général et de Labé en particulier. Les manifs de ce type portent préjudice au pays et davantage au Président de facto. C’est qu’elles ont toujours lieu à un moment critique de l’histoire du pays, à savoir la candidature d’un putschiste à la présidentielle ou la modification de la Constitution.
Les fonds destinés à tel tournoi de football auraient pu boucher bien des nids de poule de la voirie urbaine de Labé. Ou à entretenir le stade Saïfoulaye Diallo. Malheureusement cet argent du contribuable guinéen va plutôt bouillir les marmites.
Tant pis pour le président de la transition et sa poche : où pour l’amener à mettre la main à la poche les organisateurs lui feront croire qu’il est l’homme le plus populaire de la Guinée. Y compris dans le fief du principal opposant à son prédécesseur et à lui-même. Ou s’il ne l’est pas, leur mission consistera à faire adhérer les populations du Fouta en général et celles de Labé en particulier à son projet : la candidature à la présidentielle.
Labé constitue un test pour tous les opportunistes. En 2009, ils ont convaincu Capitaine Dadis de se rendre à Labé pour montrer au monde entier que la Moyenne-Guinée est derrière lui, il pouvait se présenter à la présidentielle. La cité de Karamoko Alpha mo Labé à l’hospitalité légendaire n’a pas commis de manifestation hostile au capitaine Dadis évitant ainsi le massacre perpétré deux jours plus tard au stade du 28-Septembre.
Quand Alpha Condé accède au pouvoir, à Labé les mouvements de soutien font florès. On se souvient de « Djokken Alpha ». Toujours le même objectif. Car si, réellement c’était pour suivre Alpha Condé les membres auraient au moins organisé une petite manifestation de soutien à l’ancien président quand celui-ci a été renversé il y a 3 ans.
Bien d’observateurs se demandent pourquoi à Labé et pas ailleurs ? La réponse pourrait se trouver dans le fait que c’est la ville dont est originaire le principal opposant à tous les régimes qui se sont succédé depuis la disparition du général Lansana Conté. Il s’agit pour les initiateurs de ces mouvements de soutien de montrer qu’ils sont pour le chef. Et de cause à effet, ils obtiennent le retour de l’ascenseur par une nomination ou une rémunération.
Ces 15 dernières années Labé a repris le flambeau de ville martyre à Kankan du temps du président Conté. Depuis 2010, Labé a connu des répressions inédites : des malades alités à l’hôpital régional molestés par les forces de l’ordre en 2014 ; des malades à prendre la poudre d’escampette ; une ambulance a été prise pour cible, dont le chauffeur assassiné de sang-froid. Aujourd’hui, Labé est le dépotoir de tous ceux qui ne songent qu’aux moyens peu honorables de se remplir les poches. Quelles que soient les conséquences qui en découleront.
Habib Yembering Diallo