La dernière plénière de 2024 du Conseil national de la transition a été consacrée à l’examen et l’adoption du volet dépenses de la Loi des finances initiale 2025, estimé à 43 469 milliards de francs guinéens. Soit une hausse de 12 % par rapport à la LFR-2024.
Après les recettes, le 23 décembre (qui se chiffrent à 35 000 milliards de francs guinéens), la Commission du plan, des affaires financières et du contrôle budgétaire a présenté les grandes lignes du budget 2025 dans son volet dépenses. Il y est fait mention, entre autres, d’une hausse des recettes minières de 32% ; la poursuite des reformes des entreprises publiques ; la digitalisation du processus de recouvrement des impôts, taxes et redevances ; l’application de la taxe sur les jeux de hasard ; une hausse des dons de 28 % ; l’augmentation des dépenses sociales ainsi que la hausse des dépenses d’investissement à 14 328 milliards de francs guinéens.
Ainsi, les dépenses de l’État, pour 2025, ont été évaluées à 43 469 milliards GNF, contre 38 649 milliards en 2024. Soit une augmentation de 4 819 milliards (12,47%).
L’examen des dépenses a suscité des interrogations au sein du Parlement de transition. Elles sont relatives aux dépenses liées au retour à l’ordre constitutionnel ; l’acquisition des bus pour le transport public ; la hausse et la baisse de certaines lignes budgétaires ; les aides pour les personnes vivant avec handicap ; les infrastructures agricoles (pistes rurales et intrants agricoles) ; l’équipement de l’abattoir de Kagbélen; les conflits récurrents entre éleveurs et agriculteurs ; la construction et la réhabilitation des infrastructures routières et l’achèvement des infrastructures des fêtes tournantes ; l’arrêt de délivrance des agréments des ONG et associations, ainsi que le coût élevé des frais de loyer de certains départements ministériels et institutions.
Les conseillers ont insisté sur la nécessité d’une gestion rigoureuse et transparente des fonds publics, l’importance de prioriser les projets qui répondent aux besoins immédiats de la population.
Rallonges budgétaires et amendements
Des départements sectoriels ont bénéficié de rallonges budgétaires. Des ajustements qui viseraient à répondre aux besoins prioritaires et à soutenir des projets stratégiques. Ainsi, le Secrétariat général des Affaires religieuses bénéficie d’une rallonge de 11 Milliards GNF, pour couvrir des dépenses supplémentaires liées aux pèlerinages; le ministère de la Santé, 50 milliards pour équiper les centres de santé à l’intérieur du pays ; le Fonds de développement des Médias (FODEM), 1 milliard pour l’appui aux médias ; le Centre national de surveillance de la pêche, 2 milliards pour le renforcement de ces capacités opérationnelles ; le Ministère de la Sécurité, 12 milliards pour carburant et lubrifiants ; l’Agence nationale de financement de l’éducation (ANAFE) 12 milliards ; le Lycée collège Alpha Yaya Diallo de Nzérékoré, 2 milliards pour sa réhabilitation ; l’Agence nationale de gestion des urgences et des catastrophes humanitaires (ANGUCH), 4,5 milliards pour son fonctionnement et l’acquisition d’engins roulants; le Service national de l’aménagement des points d’eau (SNAPE), 24 milliards pour la construction de forages…
Accélérer les réformes
Dans un rapport de 25 pages présenté par Fabara Koné, rapporteur général du CNT, la Commission a noté que le gouvernement avait mis en œuvre 36 actions seulement sur 57 recommandations formulées en 2024, soit un taux de 63 %. Toutefois, le CNT a exprimé des réserves quant à l’exécution complète de ces recommandations, soulignant que 37 % d’entre elles n’ont pas été prises en compte ou ont été partiellement appliquées. Le CNT a insisté sur l’importance d’améliorer la gestion et la gouvernance des finances publiques, et précisé que certaines recommandations demeuraient cruciales pour corriger les dysfonctionnements observés. « Le CNT souligne que les recommandations formulées lors des sessions budgétaires portent sur des dysfonctionnements majeurs à corriger…, la nécessité d’améliorer ou d’innover dans la gestion et la gouvernance des services de l’État pour répondre aux aspirations légitimes des populations. »
Le président du CNT, Dansa Kourouma, a conclu les débats espérant que le budget de l’État pour 2025 sera à la hauteur des défis à relever. Il a appelé à une attention particulière aux réformes institutionnelles et à la gouvernance. « 2025 doit être une année d’accélération des réformes et de concrétisation des projets structurants », a-t-il lancé, invitant l’État à respecter les critères de convergence de la CEDEAO et à renforcer la gouvernance du pays.
Abdoulaye Bah