Le 22 janvier, à la maison commune des journaleux, le groupe des « 50 PhD » a bavardé sur la galère qu’il vit dans les universités guinée-haines. Ces bouffe-la-craie dénoncent, entre autres, le non-paiement de leurs primes depuis bientôt 4 mois.

A l’aune de la rentrée universitaire 2024-2025, le mystère de la Ponction publique annonçait le recrutement de 166 gens-saignants-chercheurs « PhD » (Philosophiæ doctor), donc titulaires de doctorats, Guinéens et étrangers, pour faire face au déficit et qualifier le système universitaire. Le Premier ministre, Amadeus Oury Bah et son ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’innovation, Alpha Bacar Barry, les avaient même introduits avec boucan à l’occasion d’une cérémonie, à l’université Gamal Abdel galère de Cona-cris. Quatre mois plus tard, le mariage est en train de virer au cauchemar pour les 50 PhD guinéens. Ces derniers, après avoir tapé à pas mal de portes, décident d’étaler l’affaire sur la place publique. Ils dénoncent, dans une déclaration, le non-paiement de leurs salaires, la discrimination entre eux et les PhD étrangers et le manque de visibilité sur la situation de la recherche scientifique dans le bled.

Les bouffe-la-craie ont signé un contrat avec le mystère de l’Enseignement supérieur. Ils sont en situation de classe depuis octobre 2024. Sauf qu’ils n’ont jusqu’à présent vu la couleur d’aucun sou : « Nous attirons l’attention des plus hautes autorités sur une injustice systémique qui nous affecte. Nous le faisons après avoir épuisé toutes les voies de recours à l’interne. Constatant que nos interlocuteurs n’honorent pas leurs engagements, nous infantilisent, nous rompons le silence…D’octobre 2024 à maintenant, nous n’avons reçu aucun paiement de salaire. Et l’injustice perdure, parce que nous ne percevons aucune perspective de réparation, malgré les impacts considérables qui nous touchent avec nos familles. Nous devons entrer en possession de la contrepartie de notre travail. »  

Les gens-saignants doivent toucher au minimum une misère de 8 millions de francs glissants le mois. Pendant ce temps, leurs collègues étrangers enseignant dans les universités guinéennes, et ayant les mêmes diplômes qu’eux, touchent trois fois plus. Le groupe de 50 PhD dénonce cette différence de traitement : « Ce qui rend cette situation encore plus scandaleuse, c’est l’institutionnalisation de la discrimination salariale au sein de nos universités entre nous et nos collègues étrangers qui ont des salaires 3 fois plus élevés que les nôtres. C’est une violation flagrante du principe de l’égalité de traitement. Les auteurs de ce choix scandaleux sont incapables de nous donner une explication claire qui justifierait cette discrimination. » Selon les mécontents, ils ont participé au même concours, ils ont les mêmes diplômes et sont soumis aux mêmes obligations de résultats : « Nous réalisons les mêmes missions. La seule différence, c’est le fait que nous soyons Guinéens et eux, des étrangers. Nous avons le même volume de travail. »

Les grognards pestent aussi contre le manque de soutien et le flou qui règnerait autour de leurs projets de recherche : « Il y a manque de visibilité autour du financement de la recherche et de l’innovation dans nos universités. » Ces gens-saignants boudent les cours depuis le 15 janvier. Ils exigent la satisfaction de ces trois points avant toute reprise, mais ils se disent ouverts à la négociation : « Nous croyons à la vertu du dialogue. » Même s’ils avaient déjà rencontré leur ministre et que le tête-à-tête n’a pas porté fruit.

Yacine Diallo