Le dimanche 12 janvier, Mohamed Sylla alias Konkon, est mort noyé au Lac de Sonfonia, dans la Commune éponyme. Selon les témoignages, il était pourchassé par des agents des Forces de maintien de l’ordre. Sa famille demande justice.
Le drame s’est produit au matin du 12 janvier à Foulamadina. Un homme d’une trentaine d’années a péri par « noyade » dans le Lac de Sonfonia, la corniche-nord. Le déguerpissement des lieux jugés criminogènes (marché, débarcadères) décrété par les autorités judiciaires serait à l’origine du drame. Entamé le 8 janvier, le déguerpissement du marché de Foula-madina se poursuit. Des forces de maintien de l’ordre auraient contraint aux occupants « illégaux » du marché d’évacuer les lieux. Toute chose qui a irrité ces occupants, estimant qu’ils sont « légalement » installés, parce qu’ils paient des loyers. Des altercations éclatent alors entre gendarmes et occupants du marché. Des jeunes ont été pourchassés par les agents qui sécurisent les agents de l’urbanisme et leurs engins. Mohamed Sylla alias Konkon faisait partie des jeunes pourchassés, selon les témoins. Il tente de s’échapper. Dans sa fuite, il se serait plongé dans le lac. Il succombe plus tard et son corps retrouvé par ses amis.

Témoignages
Interrogé lundi 13 janvier, Abdoulaye Bangoura, cousin du défunt, regrette : « C’est un acte déplorable, pouchasser un individu jusqu’à ce qu’il périsse dans l’eau. Au lieu de regarder quelqu’un se noyer jusqu’à mourir, il faut le secourir. Je sais, c’est son destin, mais nous demandons la justice. C’est un crime qu’ils ont commis. Nous sollicitons de l’aide aux autorités, pour trouver les auteurs, afin qu’ils soient jugés et punis ».
Mais les circonstances de la mort de Mohamed Sylla sont floues. D’aucuns affirment qu’il aurait été battu avant d’être jeté dans le lac par les agents qui le pourchassaient. Son corps a été repêché dans l’après-midi du dimanche 12 janvier. Des témoins rapportent qu’il saignait du nez. Des informations qui contredisent la version de l’autorité locale.

Lundi 13 janvier, Aboubacar Keira, chef du quartier adjoint de Foula-madina, affirme que la victime a été examinée par un médecin légiste. Il ajoute : « Ils ont déguerpi le marché, que c’est un lieu de bandits. C’est sûrement suite à cela qu’il a été poursuivi. On a retrouvé le corps vers les 15 heures, un médecin légiste est venu l’examiner, il a affirmé qu’il n’a pas été violenté. C’est par après que le procureur a ordonné la remise du corps à la famille. Il est décédé alors qu’on pouvait l’arrêter et le juger. C’est bon de sécuriser, mais il faut respecter la procédure. L’autorité est là pour l’application de la loi, s’il n’y avait pas de banditisme ici, ils ne seraient pas venus pour les pourchasser. Un est décédé, nous ne voulons pas que cela se répète », réitère le chef du quartier adjoint.
Des manifestations ont éclaté après le repêchage du corps, deux jeunes ont été arrêtés : « Ils seront libérés, afin de calmer la situation », a promis Aboubacar Keira, qui lance un appel « aux jeunes du quartier, d’abandonner les stupéfiants. »
Un témoin, souhaitant garder l’anonymat, a expliqué à nos confrères d’Avenirguinée, les circonstances de l’incident : « Mohamed était venu aider sa mère à enlever les portes de sa boutique, qui faisait partie de la zone de déguerpissement. Lorsqu’ils l’ont vu transporter les portes, les gendarmes l’ont pris pour un voleur et ont crié au « voleur ». Pris de panique, Mohamed a couru, et les gendarmes l’ont pourchassé jusqu’au lac. Là, il est tombé, et quand les gens ont entendu ses cris, ils sont venus à son secours. Après plusieurs heures de recherche, son corps a été repêché aux environs de 16 heures. Lorsqu’on le corps a été récupéré, du sang coulait de son nez et de ses oreilles. »
Démenti
Toutefois, les autorités militaires rejettent ces accusations. Un haut gradé de la gendarmerie a expliqué à Avenirguinée: « D’autres personnes, dont les magasins ont été démolis, sont en colère et cherchent à inciter les gens à accuser la police et la gendarmerie. Mais comment peut-on dire que les gendarmes ou policiers ont pourchassé quelqu’un jusqu’au lac, alors qu’il y a une distance de 100 à 200 mètres entre nous et le lac ? Ce n’est pas vrai. Nous avons sécurisé les lieux, et personne ne peut nous indiquer que c’était un gendarme ou un policier. »
Mohamed Sylla est enterré dans son quartier, dans la matinée du 13 janvier. Une inhumation loin de faire taire les témoignages ambigus sur les circonstances de sa mort.
Souleymane Bah